Valérien Ismaël, de Strasbourg à Brême

Ses débuts, ses premiers titres et.. des loupés

De son premier match à la Meinau en tant que supporter, un match contre Toulouse, Valérien Ismaël se souvient des lumières de la Meinau et… de l’odeur des merguez.
Quelques années plus tard, lancé par Gilbert Gress aux côtés de Frank Leboeuf et d'un certain Marc Keller, et tout juste sorti du centre de formation, il fait ses premiers pas à la Meinau. De ses premières saisons au Racing, il passe par toutes les émotions. D’abord frustré, il fait partie des deux joueurs (avec Olivier Dacourt) mis sur le carreau pour la finale perdue contre le PSG en Coupe de France en 1995, deux ans plus tard, la joie en gagnant son premier titre contre les Girondins de Bordeaux en Coupe de la Ligue (il fait parti des tireurs de pénalty) puis l’euphorie, devenu titulaire indiscutable il s’offre le deuxième but contre l’Inter Milan de Ronaldo avec un coup franc sorti de nulle part !

Il poursuit sa carrière en 1997, à l'âge de 22 ans à Crystal Palace, une “erreur de jeunesse” selon lui, 10 mois compliqués, en plus d’une acclimatation difficile, il se blesse au genou les trois derniers mois de la saison suite à un contact avec Frank Lampard. Le club est relégué.

Retour en France : Aller/Retour entre les deux Racing

Il rejoint le Racing Club de Lens, fraîchement sacré champion de France en 1998 et y reste trois saisons, sa dernière saison dans le Nord restera vierge de tout match, Rolland Courbis ne comptant plus sur lui (à la suite d’une annonce prématurée de son départ qui ne s’est finalement pas concrétisé). Il retrouve Strasbourg en 2000 en prêt, vit la relégation et le titre en Coupe de France. La saison suivante, Joël Muller, entraîneur de Lens, souhaite son retour dans l’effectif où, auteur de quatre buts, il y effectue une bonne saison. Suite à son transfert raté à l’Olympiakos, il retrouve une dernière fois le Racing et Ivan Hasek avec lequel il entretient une relation tendue et ne joue presque plus en deuxième partie de saison.

Une nouvelle dimension et la consécration en Allemagne

Après une fin de saison compliquée avec le Racing, il est contacté par Klaus Allofs, directeur sportif du Werder Brême, le feeling passe et Valérien Ismaël y signe, retrouvant un autre Français grand nom du club : Johan Micoud.

La saison 2003-2004 est LA saison du Werder Brême et pour l’ancien Racingman. Pour sa première saison, il gagne le championnat allemand au terme d’un match historique pour le titre face au Bayern Munich et la coupe d’Allemagne. Il joue un grand rôle dans les titres gagnés et fait partie des meilleurs défenseurs de Bundesliga à ce moment-là. La saison suivante et comme la saison précédente il est un titulaire indiscutable et joue sa première Ligue des Champions (le Werder chute lourdement contre l’Olympique Lyonnais, 0-3 et 7-2).

A 29 ans, il continue sa progression et après ses deux saisons passées à Brême pleines de succès, Valérien Ismaël se retrouve logiquement du côté de Munich, meilleur club de Bundesliga. Il rejoint les internationaux français Willy Sagnol et Bixente Lizarazu et fait une saison pleine, 30 matchs de championnat, 8 matchs de Ligue des Champions et rajoute un deuxième titre de champion d’Allemagne à son compteur ! Une blessure au genou met un coup d'arrêt à sa carrière, il ne portera le maillot du Bayern qu’une seule fois au cours des deux saisons suivantes.

Il est transféré à Hanovre en janvier 2008, où il rejoint un autre Alsacien, Gaëtan Krebs, ancien joueur de Strasbourg et actuel entraîneur au centre de formation du Racing. Toujours touché et amoindri par ses blessures au genou contractées à Munich, il met un terme à sa carrière de football 16 ans après son premier contrat professionnel à Strasbourg.

L’après-carrière, de coordinateur sportif à entraîneur

Hanovre lui permet d’entamer sa reconversion et il commence sa nouvelle carrière en tant que coordinateur sportif du club en 2010. Il suit les formations pour ses diplômes d'entraîneur. Sa carrière sur le banc débute avec les jeunes de Hanovre et Wolfsburg.

Après trois saisons à coacher des équipes de jeunes, l’Alsacien prend pour la première fois de sa carrière, les rênes d’une équipe première à Nuremberg en D2 allemande. Il est démis de ses fonctions suite à un bilan insuffisant après 14 matchs. Il retourne à Wolfsburg où il prend en charge la réserve et obtient de bons résultats (30v/8n/10d). L’équipe première étant en difficulté, il assure l'intérim, prend la tête de l’équipe et devient le deuxième entraîneur français de l’histoire de la Bundesliga après un peu moins d’une vingtaine de matchs il est démis de ses fonctions.

En 2018, il tente de se relancer en Grèce, l’affaire tourne court, il évoque des menaces venant de la part de son président et ne dirigera qu’un seul match de championnat.

En 2019, l’Alsacien débarque en Autriche, en première division dans le club du LASK, à Linz. Un passage court et intense : c'est la première fois que Linz passe plus de deux tours en Coupe d'Europe. La presse parle même de “miracle”. En pleine pandémie, il affronte Manchester United en 8ème de finale de Ligue Europa. Il est remercié à la surprise générale en juillet par le club, la faute à une mauvaise fin de saison.

En octobre 2020, il prend la tête de l’équipe anglaise de Barnsley évoluant en D2. Comme à Linz mais dans une autre mesure il fait des miracles avec l’équipe, relégable à son arrivée et qui n’avait pas réussi à gagner un seul match de la saison, il termine avec un bilan de 23 victoires, 5 nuls et 11 défaites, dont une série de 12 matchs sans défaite.
Le légendaire Wayne Rooney, devenu entraîneur de Derby County, déclare suite aux critiques sur le jeu produit par l'équipe de l'Alsacien jugé "pas attractif et très direct" qu’il n’avait "jamais vu une équipe avec un jeu aussi direct. Ils ne jouent que comme ça. Et ce n’est pas beau mais c’est efficace."

Arrivé en juin 2021 à West Bromwich, son départ est acté en février 2022 suite à une série de 8 matchs sans victoires.

Quelques mois plus tard, c’est en Turquie qu’il s’installe, au Besiktas. Alors 5ème à 4 points de Fenerbahçe, Valérien Ismaël est démis de ses fonctions suite à une série de défaites, dont la dernière, sûrement de trop, 2-1 contre le 18ème du championnat. Il entretenait une relation difficile avec les supporters de Besiktas et la presse turque, pas convaincue par le jeu proposé, mettant en cause son manque de créativité dans le jeu. La saison prochaine, on le retrouvera sur le banc de Watford en Championship.

Joueur connu pour son franc-parler, leader de vestiaire ses anciens coéquipiers ne tarissent pas d’éloges sur lui. On peut peut-être regretter qu’il n’a jamais été sélectionné en équipe de France, peut-être aurait-il eu la chance ou l’opportunité d’y goûter le temps de quelques matchs en 2004 lorsque l’effectif s’est renouvelé ?

Il aura été un acteur majeur de la plus belle page de l’histoire du Werder, aura gagné des titres, goûté aux grandes ambiances, à l’Europe !

En tant qu’entraineur si, de prime abord, ses expériences semblent toutes plus ou moins des échecs, lorsqu’on regarde de plus près ses passages, il aura réussi à amener ses équipes à obtenir des résultats positifs. Cité lors de la montée du Racing Club de Lens pour éventuellement prendre la suite de Franck Haise lorsque celui était incertain et cité sur ce forum à quelques reprises déjà pour reprendre l’équipe, on ne peut que lui souhaiter de s’installer dans la durée dans un club et qui sait prendre la tête de l’équipe du Racing un jour….

Sources: Eurosport, France Football, Footdavant, France TV