Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Sedan - RCS, côté tribunes

Note
0.0 / 5 (0 note)
Date
Catégorie
Côté tribunes
Lectures
Lu 3.078 fois
Auteur(s)
Par romeocrepe
Commentaires
0 comm.

Cette nuit-là, alors qu'ils s'enfonçaient dans les profondeurs de la Translotharingie submeusienne, les supporters strasbourgeois ignoraient qu'ils allaient prendre part à une soirée fort décousue. Carnet de route d'un déplacement sans fil directeur

12 septembre 2008, 15h52. ajax.fan le Rémois met les pieds dans les Ardennes sans combinaison de plongée ni masque à oxygène. Pour le bien des Sedanais, il serait souhaitable que l'autoroute Reims-Charleville-Mézières s'équipe de détecteurs de métaux au poste-frontière entre les deux départements, car Reims et Sedan s'aiment autant que Strasbourg et Metz. Espérons que les projets rémois de rattachement des Ardennes françaises à la Wallonie échoueront, sinon le prochain Sedan-RCS se jouera dans le cadre de l'Intertoto.

16h43: ross3 arrive au point de rendez-vous. Il n'a pas eu de mal à trouver, il lui a suffi de suivre les piles de pont marquées de l'inscription "mort aux k'soss". Rethel, son délicieux boudin blanc, son incomparable boudin blanc, son célébrissime boudin blanc. Oui mais voilà, ross3 souffre d'une gastro. Ce sera pour une autre fois.

16h48: alors que la télévision fait état des pélerins qui convergent à pied vers Paris voir le pape, merluchon, humble supporter détaché de la matérialité de ce monde corrompu, a trouvé le moyen de faire une pause dans sa longue marche vers la sainteté stubistique. Assez d'ampoules, assez d'auto-stop, et merci au bon samaritain cartman.

16h50: le bus strasbourgeois est signalé en direction du Luxembourg, alors que le passage par la nationale côté français était tout aussi rapide. La moindre taxation de l'essence et des cigarettes comme argument touristique, il fallait y penser. Ou alors, il y a une autre raison...

Woinic, ta mère ?

17h08: Ross, Ajax et l'auteur de ces lignes voient un calicot terni sur un pont d'autoroute: "ici, Woinic, le plus grand sanglier du monde". Rien que cela ! Et pourquoi pas la plus grande poële à frire du système solaire ? Et, vu que l'usine Porcher se trouve à Revin, dans le nord du département, on aurait pu avoir le plus grand urinoir de la galaxie, non? Il faudra en parler aux élus locaux.
Nous allons voir de plus près cette créature qui, le temps d'un reportage, a fait la nique aux JO de Pékin dans le JT de Pernaut le 8 août dernier. Sur place, une pancarte "parking" mène à un champ de cailloux jaunâtres... fermé par un ruban de travaux publics et à un panneau "danger, sol meuble". Un mètre au-dessus, là où le sol est tellement plus stable, un petit chalet renseigne la huitaine de touristes présents.
Quant à la bête elle-même, protégée derrière son grillage et sous la vigilance constante des gendarmes, qui multiplient les rondes à ses abords, elle ressemble à ça:

https://racingstub.com/blogs/r/romeocrepe/photos/woinic-5adc8_thu...

Ce Woinic, -cette Woinic d'ailleurs, c'est une laie- comme l'on peut le constater, est un monument pour puristes. Qu'importe la rouille, qu'importent les simples tréteaux, qu'importe le méchant enclos métallique, Woinic est dans la place, et pour bouger ses 50 tonnes il va falloir s'y prendre à plusieurs. L'Ardennais est un tenace, espérons que nos joueurs tiendront compte de ce paramètre.

17h43: arrivée du trio à Sedan, sans difficulté grâce au camouflage de notre voiture immatriculée 08, mais la police est partout et regarde les plaques minéralogiques. Ce match serait-il considéré à hauts risques par les forces de l'ordre?

17h56: aux dernières nouvelles, le bus serait quelque part en Belgique, ou encore au Luxembourg, on ne sait pas trop.

18h21: pendant qu'Ajax déguste une triple Karmeliet en terrasse sous un soleil inattendu, que Ross3 soigne sa gastro au coca et que votre serviteur découvre l'ingratitude du rôle de capitaine de soirée en limitant sa consommation de Guinness, le cyclone Merluchon est annoncé à 90 kilomètres des côtes sedanaises, en approche rapide.

18h53: le bus est porté disparu en Belgique. L'hypothèse de 16h50 va-t-elle se vérifier ? Les connaisseurs du coin auront pensé à la présence, sur le trajet, de l'abbaye trappiste d'Orval...

19h06: Lens n'a pas le monopole des méga-sandwiches Sensass avec 2 kilos de frites par américain. A Sedan, ils ont Jacqueline, qui mériterait d'être mentionnée dans le guide des supporters du CSSA.



19h35: arrivée au stade en compagnie d'un supporter sedanais aussi sympathique que serviable. Sur notre gauche, un supporter du CSSA couve amoureusement le petit sanglier rivé sur sa casquette, un mignon Woinic miniature. Woinic, ta mère ? Bon accueil des Sedanais, échange d'écharpes, on est tranquille, on est peinard.

Charmants, jolis, gentils, les supporters sont là

19h43: "Je veux vous voir chanter comme des tarés sinon je vous déchire la gueule". Merluchon fait son entrée.

19h53: Louis-Dugauguez n'est pas un vilain stade. Mais seul un stade plein vaut la peine. Quid ce soir ?

19h59: le bus est annoncé, ce qui n'est déjà pas si mal. En retard probable et potentiellement conséquent, ce qui est assurément plus problématique. Dix voitures pour avoir un groupe "visiteurs" qui ressemble à quelque chose, sauf à avoir miraculeusement réuni 30 Pavarotti pour la qualité sonore, ou Francis Heaulme, Pierre Chanal, Guy Georges, Michel Fourniret (le régional de l'étape) et autres célébrités du même acabit pour le scénario et les effets spéciaux, cela ne fait pas beaucoup.

20h17: la réponse à la question de 19h53 devient inquiétante. Heureusement que la musique nulle est là pour nous sauver du silence sépulcral. Dans le parcage visiteurs, on a de la place, de l'espace. Hélas.

20h26. Les supporters strasbourgeois sont enfin au complet ! Il était moins une. On s'organise à la hâte.

20h26. Pendant ce temps-là, côté sedanais, ce qui se passe est trop chou. Du public, définitivement trop peu nombreux, émergent, ça et là, de jolis petits groupuscules plus ou moins verts et rouges. Un peu à main gauche, un peu plus à main droite. Tout cela aurait vraiment été trop joli s'il y avait eu un tant soit peu d'organisation, mais en cet avant-match, à part les bâches, rien. Sur la droite, en quart de virage, un groupe apparaît plus structuré, on dirait qu'ils posent pour la photo de classe. Ils ont tous l'air bien sympas, nul doute qu'à la mi-temps, ils sortiront le pique-nique de la glacière. La suite du match méritera un relatif correctif à ce premier jugement, mais là, on se demande ce que supporter veut dire exactement dans les Ardennes.

20h31. Incroyable. Mélange d'apathie sedanaise et de retard des Strasbourgeois, une minute de silence involontaire se produit à l'issue du coup d'envoi. Seul le bruit des drapeaux agités par les 80 supporters du Racing semble résonner dans un stade il est vrai à moitié vide.

20h42. Une puissante clameur accueille l'ouverture du score sedanaise, et, trois secondes plus tard, plus rien. Pendant ce temps, le kop strasbourgeois poursuit sa partition linéaire, correcte quoiqu'un peu plate, comme si de rien n'était. Quelle tristesse que la modernité ; avant, on avait les speakerines qui nous annonçaient à nous, chers téléspectateurs, que, par suite d'une rupture de faisceau, les programmes étaient momentanément interrompus, et, qu'en attendant, la chaîne nous offrait un interlude musical. Là, les UB90 sont à l'heure de la bande annonce qui passe en boucle en nous vantant 22 fois le même produit. Oh, bien sûr, les tubes habituels sont joués avec professionnalisme, on fait le job ; mais ce soir, le supplément d'âme n'y est pas. Groupe peu nombreux, logistique artistique, les Strasbourgeois font ce qu'ils peuvent, mais, en l'occurrence, ils ne peuvent pas faire de miracles.

Dès lors, une opposition de styles semble se dessiner: un parcage visiteurs appliqué dans l'effort mais qui n'a pas les moyens de faire d'étincelles, et un public sedanais qui part sur les bases de leurs meilleurs ennemis rémois, explosifs au moment des buts et complètement éteint le reste du temps. Un encéphalogramme de salle de réa contre un défibrillateur, l'aveugle contre le paralytique.

21h05: tiens, un mégaphone autre que celui du capo strasbourgeois siffle à mes oreilles. A main droite, deux groupes sedanais ont décidé d'exister. Les chants se développent enfin, on voit des écharpes, bref, bien qu'assez peu nombreux, les groupes organisés du CSSA se réveillent. Gentiment, proprettement, sans éclat particulier, mais mieux vaut des grouik-grouik de supporters-marcassins que des cris de chauve-souris comme celles qui volaient au-dessus de nous (étant entendu que le cri normal de la chauve-souris est trop aigu pour l'oreille humaine, on n'entend rien).

La tendance se fige pour plusieurs dizaines de minutes : les Strasbourgeois maintiennent plus ou moins le rythme, tandis que les Sedanais, eux aussi confrontés au problème des moyens du bord, vont vers le mieux. RAS.

22h03: Ce que les deux buts sedanais et, même, la réduction du score à 2-1 n'ont pas réussi, la casquette du capo va le faire. En effet, à 22h03 précises, la mécanique linéaire, ou à peine sinusoïdale, du kop strasbourgeois est perturbée lorsque la casquette du capo tombe. Aussitôt, les chants s'arrêtent net. Ce phénomène reste inexpliqué.

Tout finit bien

22h11, 86e minute du match : Louis Dugauguez devient un stade normal. C'est toute une tribune cette fois qui s'anime. Pour quoi au juste ? Visuellement, il s'agirait davantage d'un public qui encouragerait les siens à revenir au score. Mais ne soyons pas cruel avec le public sedanais, puisque, comme chacun sait, tel fut le résultat. Reconnaissons plutôt que le public gentillet-mignon-tout-plein du début a, au final, bien terminé la rencontre. Côté Strasbourg, on y croit et les joueurs ne déçoivent pas.

22h23: le public sedanais a quitté Dugauguez, tandis que le capo fait chanter le groupe. Les Messins sont loin, ils n'ont rien demandé, mais une petite pensée amicale pour eux fait toujours du bien. Aussi bien, ce déplacement assez invertébré ne serait pas cohérent sans un petit hors sujet.

22h49: Les portes ne vont pas tarder à libérer les Strasbourgeois, et, tandis que chacun ne pense qu'à rentrer chez soi, Merluchon a rechaussé ses bottes et ses résolutions. Demain, si un automobiliste l'a voulu, il sera à Liège, après demain, à Amsterdam qui sait, ou au Danemark ou ailleurs.

Mais, à pied, en tracteur ou en hélicoptère, il sera probablement là au prochain déplacement. Une nouvelle aventure, en d'autres lieux, avec, pour partie, d'autres protagonistes. C'est bien pour cela que l'on ne se lasse pas de raconter les matches à l'extérieur, et de les vivre, autant que faire se peut.

romeocrepe

Commentaires (0)

Flux RSS
  • Aucun message pour l'instant.

Commenter


Connectés

Voir toute la liste


Stammtisch

Mode fenêtre Archives