Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Bilan 2010/2011 (3/3)

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Laurent Fournier agressé par une bande de jeunes © denisub90

Le Racing réalise une superbe deuxième partie de saison et vient échouer à un cheveu du podium, en dépit des efforts en sens contraires de son entraîneur et de son président.

Sursaut sportif


Prolongée des deux côtés par les premiers frimas, la trêve hivernale strasbourgeoise est largement animée par le marché des transferts, qui sera pour une fois plutôt réussi. Bien aidé par l'indulgence de la DNCG, la résiliation de Victor Correia et le maintien en état semi-grabataire de Boubacar Kébé, le club parvient tout d'abord à qualifier Yohan Betsch, qui commence tout juste à se remettre de sa blessure aux ligaments croisés de début de saison. C'est ensuite Stéphane Noro qui finit par s'engager, après quelques atermoiements, avant que Yannick Yenga ne vienne compléter l'escouade d'attaquants début janvier. En sens inverse, le club essaie de trouver une porte de sortie pour Loïc Damour ou Tristan M'Bongo afin de pouvoir poursuivre la refonte de l'équipe et de valider la prolongation de son homme fort, Ali-Azouz Mathlouthi. En pure perte, puisqu'aucun terrain d'entente ne sera trouvé, ce qui ne libère qu'une place supplémentaire pour l'avant-centre Nicolas Belvito, chaudement recommandé à Jafar Hilali par Frédéric Dobraje. Également agent de Noro, Dobraje s'impose comme l'homme fort du secteur sportif, même dans l'ombre, ce qui forcément satellise Jean-Luc Witzel - qui occupe toujours officiellement le poste de directeur sportif.

Le sang neuf se fait sentir. Après avoir surmonté un tirage pas évident à Poissy (CFA) en coupe de France (2-1), le Racing débloque enfin son compteur à l'extérieur en championnat, à Rodez (3-1). C'est la première fois depuis une victoire à Guingamp le 1er mai 2009 que Strasbourg parvient à s'imposer en dehors de ses bases et, forcément, ça ressemble à un déclic. Pourtant, l'équipe – privée de Noro, expulsé dans l'Aveyron - rechute dans la foulée à Cannes, rival du haut de classement, au cours d'un match télévisé de faible niveau (0-1). Une contre-performance qui alimente la défiance de Jafar Hilali à l'égard de son entraîneur, sans doute attisée par le favori du moment Frédéric Dobraje. Faisant une nouvelle fois preuve de son caractère impétueux et velléitaire, Hilali va totalement pourrir la préparation du 16è de finale de coupe de France face à Evian Thonon Gaillard. D'abord, en imposant une grille tarifaire excessive dégoutant les nombreux spectateurs qui se faisaient à la base une joie de retrouver le Racing à ce niveau pour la première fois depuis 2002. Ensuite, et surtout, en décidant de limoger Laurent Fournier qui n'a selon lui « pas le niveau », sur le plan du jeu comme celui de la gestion du groupe. L'ancien Parisien doit être remplacé après le match par l'ancien adjoint de Ralf Rangnick à Hoffensheim Peter Zeidler qui, comme par hasard, est un client de Dobraje. Jean-Luc Witzel a beau démentir mollement, la messe semble dite d'après tous les échos.

C'est alors que va survenir une première scène rassérénante, et inédite, dans la saison du Racing. Fidèles à leur entraîneur, les joueurs produisent un match solide face au leader de L2 et viennent congratuler le banc de touche au moment du but victorieux (1-0). La marque de solidarité est patente, et la force de l'image arrache in extremis le maintien de Laurent Fournier. Encore une fois, le président Hilali doit se dédire et l'épisode laisse des traces, y compris chez Fournier qui n'a guère du apprécier cette mauvaise réédition d'un épisode survenu en 2005 au Paris Saint-Germain avec le sinistre Pierre Blayau. Progressivement, une ligne de fracture apparaît entre d'un côté le staff, le groupe de joueurs et une bonne partie du public et, de l'autre, une direction fantôme qui ne tolère que la courtisanerie. Cette division aurait pu plonger le Racing dans une précarité qui a plus d'une fois débouché sur une crise sportive. Mais c'est bien l'exact opposé qui se produit : l'adversité suscite un surcroît d'abnégation qui se traduit très vite en terme de points. Le Racing enchaîne en effet deux résultats très positifs à l'extérieur face à Bayonne (2-1) et Niort (2-0) avant de tomber avec les honneurs à Angers en coupe (0-2). C'est la dernière défaite de la saison, la quatrième seulement sous le mandat de Laurent Fournier.

C'est début février que se présente le réel test pour les Bleus qui rencontrent à domicile les deux leaders du championnat avant d'enchaîner sur un déplacement à Colmar. Strasbourg livre trois parties solides, la plus enthousiasmante étant sans conteste la moins productive sur le plan comptable puisque Bastia est sévèrement secoué à la Meinau avant d'arracher le nul suite à un scénario rageant (1-1). Trois jours, plus tard Guingamp, qui traverse un trou d'air, est assez facilement dominé (2-1) tandis que la semaine se conclut sur une victoire heureuse mais précieuse chez le voisin haut-rhinois (2-1). Revenu à la quatrième place grâce à des contre-performances des autres équipes de haut tableau, le Racing se remet à rêver d'une accession qui semblait improbable un mois plus tôt. Pas trop cependant, car la stérilité offensive refait surface le temps de deux matches nuls insipides face à un Paris FC très défensif (0-0) et à Gap (1-1).

Une équipe type se dessine, mêlant recrues hivernales (Noro, Yenga), cadres de la première partie de saison (la charnière Outrebon-Sikimic notamment) et surtout un noyau de joueurs qui progressent de façon notable au fil des matches : Gurtner, Ahouéya, Ledy sont les hommes en forme du moment. Avec un collectif qui commence à prendre sérieusement forme et des coups de pied arrêté enfin décisifs, le Racing peut désormais dérouler et enchaîne pour la première fois depuis plus de trente ans une série de sept victoires de rang en championnat : face à Gueugnon (2-1), à Plabennec (2-0), face à Beauvais (1-0), à Fréjus Saint-Raphaël (2-1), face à Pacy-sur-Eure (1-0) et à Colombes face à Alfortville (3-0). Toutes ne sont pas très concluantes – certaines sont même franchement poussives – mais, bon an mal an, Strasbourg parvient à se montrer décisif à chaque fois, notamment grâce à un Stéphane Noro impressionnant sur le plan statistique. Laurent Fournier démontre également un sens aiguisé du coaching en remaniant fréquemment son onze de départ afin de maintenir l'ensemble de son groupe sous pression. C'est ainsi que, dans le Var, Mathlouthi et Yenga sont alignés après avoir pourtant été sévèrement tancés pour des retards à l'entraînement. Les deux joueurs marquent les deux buts offrant le gain du match. On se prend à rêver de ce qu'aurait pu être la première partie de saison si le coach avait disposé d'autant d'atouts dans sa manche...

Coup de grâce présidentiel


Un tableau qui semble assez idyllique et qu'il faut donc forcément nuancer, car on est au Racing tout de même. Le 16 février, on apprend que l'association support a reçu les 4M€ correspondant au rachat du bâtiment du centre de formation. Elle s'acquitte immédiatement de ses obligations envers la SASP mais conserve un replet reliquat qui doit lui servir à régler des factures en souffrances tout en supportant le sous-financement de cette même SASP. Ce n'est cependant pas suffisant pour Jafar Hilali, qui commence par exiger que des salaires historiquement pris en charge par les pros soient désormais versés par les amateurs alors que les personnels en question oeuvrent dans l'antichambre immédiate de l'équipe première. Confronté à une trésorerie souffreteuse – contrairement aux assurances répétées – Hilali veut en fait accaparer les quelques centaines de milliers d'euros restant sur le compte de l'association support, et ce en violation de l'accord conclu avec les collectivités en juillet. L'association se montre pourtant dans un premier temps, conciliante en acceptant le principe du transfert de charge pour la saison en cours en échange d'une renégociation de la convention liant pros et amateurs. Mais ce n'est toujours pas satisfaisant pour Hilali, qui fait entériner, sans consultation aucune, un budget délirant intégrant une refacturation des salaires litigieux depuis 2004 pour une somme globale supérieure à 3M€. Persuadé d'avoir soulevé un lièvre dans ce qui n'est qu'une argutie juridique, le président cherche en fait à aspirer l'ensemble des liquidités des amateurs tout en ferraillant contre les commissaires aux comptes qui ont eu le malheur de le mettre en garde contre de telles pratiques. L'actualité du terrain va à partir de ce stade être régulièrement supplantée par celle des prétoires, qu'il serait fastidieux de conter en détail tant elle s'est révélée inconclusive pour le moment. Au-delà des péripéties judiciaires, les pratiques brutales de la direction sont source de scandale et ne permettent aucune sérénité autour d'une équipe pourtant en course pour un authentique exploit.

De communiqués vengeurs en vaines rodomontades, Jafar Hilali ne parvient que partiellement à occulter une vérité bien plus terre-à-terre : les « autres méthodes » maintes fois vantées ne débouchent sur rien d'autre qu'un déficit d'exploitation encore plus glissant que les saisons précédentes, et abyssal pour le National. Le Racing a besoin d'argent frais et son propriétaire n'a aucune envie d'en fournir. Il préfère se lancer dans une vendetta très personnelle, et confinant au délire, contre un environnement local qui aura pourtant au final été d'une (trop) grande mansuétude à son égard. Tour à tour, ce sont les dirigeants de l'association support, les actionnaires minoritaires, les anciennes gloires du club, certains journalistes et, bien sûr, les supporters mobilisés qui en prennent pour leur grade. Personne n'échappe véritablement aux caprices paranoïaques du roitelet de Londres, qui licencie par exemple avec fracas son directeur sportif Jean-Luc Witzel, lequel n'était pourtant pas le dernier à donner dans le contorsionnisme pour défendre son patron.

Dix fois l'équipe aurait pu lâcher au cours du printemps, à mesure que son président s'enfonçait dans une politique de la terre brulée destructrice de toute perspective d'avenir. Elle ne le fait pas, et achève ainsi de conquérir le coeur des fidèles de la Meinau. Il y a certes des matches moins enlevés que d'autres, comme face à Créteil (1-1) et à Luzenac (1-1) mais dans l'ensemble la concentration demeure. Elle est d'autant plus vitale que les concurrents amiénois et guingampais ont repris un train d'enfer qu'il faut s'appliquer à suivre. En ce sens, les victoires face à Orléans (2-0), Rodez (2-0) et le nul courageux à Amiens (1-1) offrent de l'espoir, mais aucune certitude. Cet espoir qui va se transformer en un scénario des plus cruels puisque l'équipe est exempte au cours de la dernière journée. En s'imposant à l'énergie à Rouen (2-1), le Racing monte sur le podium, il lui faut dès lors battre Bayonne et espérer que Guingamp perde un de ses deux matches. La première partie du scénario est remplie, dans une ambiance indescriptible, la tentative avortée de huis-clos parachevant l'union sacrée des hommes de terrain et du public (2-0 contre Bayonne). La seconde ne l'est pas, puisque les Costarmoricains ne craquent pas en dépit de l'agitation une fois de plus vulgaire et ridicule d'un Hilali offrant des maletas aux Rouennais.

Ce groupe ne terminera donc pas sur le podium, ce qui aurait été une belle récompense mais n'aurait dans le fond pas réglé grand chose, tant le RCS semble se trouver aujourd'hui dans une voie sans issue. Le club a d'ailleurs continué à se déliter depuis et pourrait bien se voir signifier aujourd'hui la fin de l'aventure professionnelle entamée il y a 78 ans au Restaurant de la bourse. Il aura fallu bien du travail pour durer aussi longtemps, et pourtant l'édifice va s'écrouler comme un château de cartes, dans une ambiance délétère. Jafar Hilali n'est certes pas le seul responsable, mais il a indubitablement aggravé les choses de façon extravagante. Surtout, rien ne l'obligeait à rendre aussi obscène l'agonie.

strohteam

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Stammtisch
  • mediasoc ou faire match nul, ou perdre aussi. Ou faire forfait.
  • mediasoc Non, je pense que Metz peut battre Rennes.
  • tenseur Je pense que Metz peux battre Rennes
  • valdestras Guilbert à Rennes? Pour renforcer leur équipe 2? (Et j'adore guilbert)
  • azzu ils ont causé lors du match face à eux, c'est sus
  • azzu Juju Stephan récupérera sûrement un ou deux élément à Rennes l'an prochain (genre un Guilbert)
  • iron-foot67 Ah oui je trouvais pas merci
  • mediasoc ça se vaut en général, sauf contre Nancy
  • mediasoc il y a les moyennes d'âge sur les fiches de match [lien]
  • iron-foot67 Les autres réserves vue les âges est au alentours de 19a
  • iron-foot67 La moyenne d'âge de l'équipe 2 à vue de nez est de 17ans
  • il-vecchio Comme un air d'Alaa ce Libanais: [lien]
  • valdestras Guilbert sera encore là comme perrin. Et à mon humble avis, ça sera tout !
  • tempest Quid de Guilbert, Delaine et Aholou en fin de saison ?
  • tempest puisque l'équipe 1 est une "équipe X" d'une world company du football
  • tempest On sait donc également que l'équipe 2 n'a pas d'avenir sous sa forme actuelle
  • tempest Au moins ceux qui s'abonnent le feront en connaissance de cause
  • tempest Pape Daouda Diong ... Bon et bien on connaît dorénavant la suite du projet
  • il-vecchio Si la Var dort la nuit l'avare se réveille à toute heure inquiet de la possible disparition de son or.
  • il-vecchio Tout ce qu'il ne faut pas faire sur un terrain. Catalogue partiel: [lien]

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