Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

« La roue a enfin tourné ! »

Note
0.0 / 5 (0 note)
Date
Catégorie
Après-match
Lectures
Lu 3.855 fois
Auteur(s)
Par rachmaninov
Commentaires
5 comm.
rcs-maracana-ea909.jpg
royrodgers a fêté la montée du RCS à sa façon au stade Maracana © royrodgers

Ils étaient au stade de la Colombière, qu'ils avaient rallié depuis Strasbourg, Francfort, Chaumont ou Genève. Ou à l'autre bout du monde, à Rio. Cinq stubistes racontent "leur" Raon-RCS.

athor
"Expatrié" à Chaumont, présent à Épinal
Les hasards de la vie professionnelle font que, parfois, on se trouve contraint à l'expatriation, loin de notre belle Alsace et (surtout) du stade de la Meinau. Durant toute cette saison de CFA, c'est donc depuis la riante cité de Chaumont que j'ai suivi le parcours du Racing, une situation géographique tout de même bien pratique pour effectuer les déplacements, à condition de supporter les trajets en solitaire. Pour cette finale spinalo-raonnaise, j'avais tout de même prévu de faire le voyage en bus, histoire de partager soit de bons moments soit une cellule psychologique en cas de désillusion. La date du samedi 25 mai était donc cochée depuis plusieurs semaines, et mon vendredi après-midi avait été pris pour que mon impatience ne trouble pas mon travail (avec le recul, j'aurais donc dû prendre deux semaines de congés). Le feuilleton tragi-comique du report/délocalisation/relocalisation a donc perturbé cette organisation, et les craintes de voir cette finale être programmée en semaine bien réelles. Heureusement, il n'en fût rien, même si le choix du dimanche allait me contraindre à un retour nocturne en Haute-Marne et à un lundi matin difficile au travail, quel que soit le résultat.

Dimanche 2 juin donc, fin de matinée, après avoir procédé à des activités de contrebande de polos racingstub (achetez-les, ils sont magnifiques !) et d'autres produits prohibés, j'embarque à bord d'un des quatre bus de la FSRCS. L'ambiance est bonne, les coudes assez souvent levés et les discussions animés, le trajet passe à une vitesse folle. La suite on la connait : le but de Benedick, la tête d'Amofa, la résurrection du Fussballgott, la folie en tribune, « ah tiens, Raon a marqué », « ouhh, ça sent pas très bon ce penalty en fin de match », puis la délivrance et la fête au champagne dans le bus du retour. Comme à l'aller, le trajet passe à une vitesse folle, même si, pour moi, arrivé à Strasbourg, il me restait encore 3h30 de route pour rentrer chez moi, mais 3h30 avec le sourire aux lèvres.

chon
Capo des UB90, présent à Épinal
On a beau être chargé de l'ambiance du kop, on reste avant tout un supporter du Racing et c'est bien avec la boule au ventre que je suis arrivé au stade de la Colombière.
Grâce à cette formidable motivation du public présent dimanche, cette peur s'est transformée en incroyable énergie et c'est là que je me suis dit que rien ne pouvait nous arrêter et qu'on gagnerait !
Évidemment, je me suis employé à mettre la meilleure ambiance qu'il soit, malgré la configuration de la tribune, toute en longueur. Il ne fallait pas oublier les personnes envieuses de chanter derrière le but, dont nous étions séparés. Cela est passé par énormément de regards entre nous pour éviter au maximum les décalages.
Je me dois d'être honnête, j'ai quand même plus regardé le match que d'habitude ! On met le premier but, une délivrance mais c'est loin d'être fini. On met le deuxième et là je me dis que c'est bon, que la roue a enfin tourné. L'ambiance repart que de plus belle en attendant le troisième but !
Petite anecdote amusante : Raon réduit le score sur penalty, je dis alors à la tribune que ce n'est pas grave, que c'est dans la poche ! Pour je ne sais quelle raison, mes yeux se posent alors sur le tableau d'affichage qui indique 2-3 . Stupéfait, je demande des explications autour de moi. On m'informe alors qu'il y a eu un 1er but... Je n'avais rien vu, je ne l'avais même pas ressenti au niveau de la tribune ! Du coup le stress monte en flèche car c'est quand même le Racing sur le terrain et qu'il est capable de se faire remonter !
Je ne suis plus trop sûr mais à ce moment là, je ne chante quasiment plus. Je reste debout face au terrain pour attendre la délivrance de l'arbitre... Le reste n'est que pleurs et embrassades...

lhim19
Expatrié à Genève, présent à Épinal
Malgré les nombreux kilomètres qui me séparent de la Meinau, et tout comme la saison précédente, rares sont les matchs à domicile que j'ai manqués cette année. Passer à côté de ce dernier rendez-vous est donc impensable. La semaine précédant la rencontre, je scrute toutes les sources d'information pour savoir où, et surtout quand, le match sera programmé et me prépare à poser un congé alors que la rumeur « Nancy, le vendredi » enfle.
Le verdict tombe : Épinal, le dimanche. Pas de congés à poser, j'y serai !

De retour dans ma ville natale dans la nuit du vendredi au samedi, je fais le match dans ma tête des dizaines de fois au cours du week-end : du but victorieux un peu pourri à la 94e, au scénario catastrophe où le Racing prend l'eau de toute part. Je me rappelle que, depuis la descente en CFA, le Racing est reparti victorieux à chaque fois que je suis allé les voir à l'extérieur, mais je me souviens aussi que, du temps des divisions 1 et 2, tous mes déplacements se sont soldés par une cuisante défaite.

Vient finalement le grand jour. Le choix de la tenue est rapide : superstition oblige, ce sera la même qu'à Grenoble. Alors que j'installe le drapeau en évidence sur la plage arrière du véhicule, ma copine prononce une phrase impensable il y a encore quelques mois : « je suis déjà stressée ». Étrangement, je me trouve relativement calme, surtout en comparaison des heures qui ont précédé le sommet au stade des Alpes. 12h45, nous prenons la route. Le GPS indique une route qui ne semble pas empruntée par la majorité des Strasbourgeois, mais nous avons quand même le plaisir de croiser certaines voitures aux couleurs du RCS. Arrivés à Épinal 2 heures plus tard, la ville a déjà un fort accent alsacien et cela va aller crescendo.

J'entre en tribune "paysagère" qui me semble déjà bien garnie alors que nous sommes encore à plus d'une heure du coup d'envoi. Je suis impatient que l'ambiance monte. Les bus arrivent, les joueurs font leur apparition sur la pelouse, les premiers chants sont lancés. Je regarde ce public et, comme presque tous les samedi, je me dis que tous ces gens méritent beaucoup mieux que la 4ème division. Quelques chambrages de bonne guerre ont lieu. J'espère alors simplement que, 105 minutes plus tard, ce ne seront pas les 50 visiteurs du jour qui feront du bruit, mais bien les 3000 nouveaux maîtres des lieux.

Le coup d'envoi est donné, Gauclin s'interpose d'entrée, comme pour nous dire qu'on pourra à nouveau compter sur lui aujourd'hui. La première mi-temps est crispante. Je reprends les chants du kop mais avec cette boule au ventre qui m'empêche de vraiment tout donner. Vient la 41e minute, ce débordement de Sabo puis ce centre en retrait. Je ne vois pas la balle rentrer, mais compte tenu du positionnement des joueurs, quelqu'un a forcément dû la pousser au fond. Le stade explose : ils sont en train de le faire ! La mi-temps est sifflée, de quoi souffler quelques minutes, physiquement, mais aussi et surtout psychologiquement.

Au retour des vestiaires, les Strasbourgeois me semblent avoir (trop) reculé. Mes ongles, qui avaient difficilement repoussé depuis Grenoble, tombent petit à petit. Je fête une balle qui passe au dessus de la barre de Gauclin comme un but strasbourgeois. 18 heures : après avoir complètement raté un corner (qui se transformera finalement en opportunité intéressante), Sabo a la bonne idée de tirer un superbe coup-franc. Je ne vois pas ce qu'il se passe ensuite : trop loin, trop de monde, trop de soleil, mais les filets tremblent. La Colombière explose pour la deuxième fois, et moi avec. Je me dit que ça y est, on y va tout droit ! La pression retombe un peu et c'est avec les yeux mouillés que je regarde tous ces gens en liesse autour de moi.

Ledy claque un troisième but, censé tuer le match et lancer la fête mais Raon réduit la marque sur le coup d'envoi, dans une atmosphère très étrange. Vient le penalty, transformé. Je regarde ma montre : il doit rester 2 à 3 min maximum. Qu'est-ce que 3 petites minutes de stress supplémentaires par rapport à l'interminable heure d'angoisse vécue à Grenoble en regardant le Racing tenir son maigre avantage d'un but ?! L'arbitre siffle enfin la fin de la saison. Toute la pression disparait, la fête peut commencer. Ce n'est que du bonheur. Je me rappelle que je nous voyais hors course après Moulin et même après Grenoble, je n'osais penser à cette finale, de peur que le PSG ne vienne tout gâcher : mais ils l'ont fait et ils ont l'air aussi heureux que nous alors qu'ils font des allers-retours entre la paysagère et le kop !

Le speaker nous invite à regagner nos véhicules. Pas tout de suite, je veux profiter de cette soirée le plus longtemps possible, en compagnie de tous ces inconnus qui partagent la même passion que moi.

Nous rejoignons la voiture un peu plus tard donc, dans un concert de klaxons. Une longue route nous attend pour rejoindre la cité de Calvin. Sur la route, je me remémore ces trois dernières saisons et ces matchs qui ont, me semble-t-il, permis de rassembler tout un public autour des acteurs du terrain : Rodez, Bayonne, le jour 0 contre l'ASIM, un 1er record contre nos voisins verts, Vesoul, Jarville, le retour du derby alsacien accompagné d'un second record, un combat interminable dans les Alpes puis cette finale à Épinal. J'ai entendu dire qu'en national, les matchs auront lieu le vendredi soir. Cela va devenir compliqué de venir régulièrement, mais je me promets de me réabonner quand même. Il est 1h quand j'arrive sur les bords du Léman, la fatigue est bien installée. Je m'endors avec la tête encore pleine d'images : quelle(s) belle(s) saison(s) !

royrodgers
Expatrié au Brésil, a vécu le match depuis Rio
Dimanche matin 11h, le réveil sonne. Après une courte nuit (eh oui, au Brésil on se couche pas avec les poules le samedi soir) je me lève, me prépare un café et laisse ma femme faire la grasse matinée. Elle le mérite bien, elle dont je serine les oreilles depuis au moins 5 semaines avec ces matches du Racing qui retiennent toute mon attention les fins de semaine, en début d'après-midi. Elle s'est même peinte les ongles en bleu, par solidarité. Aujourd'hui c'est le grand Match. Non, pas le Brésil – Angleterre qui célèbre la réouverture du Maracanã, mais bien Raon l´Étape vs Racing Club de Strasbourg (Alsace), finale (et arlésienne) du groupe B du championnat de France de 4ème division. Allez expliquer ça à des Brésiliens...

C'est donc seul devant mon iPad que, peu avant 11h30, je tente le streaming sur Alsace 20. Impossible... ça rame même pas, ça patauge. Sur le PC, pareil. Les live du stub et de l'Alsace indiquent déjà la belle claquette de Gauclin, quand je décide de me rabattre sur Total Sport Live, quitte à subir les beuglements de commentateurs ex-porteurs de projet de socios sur FaceBook, projet que personne n'a jamais bien compris je crois... Mais l'heure n'est pas à l'amertume (quoique, avec une bonne Meteor...) et finalement, malgré quelques cadrages douteux ça fonctionne pas mal leur truc, merci à eux ! Benedick ouvre le score, je réveille ma femme. En deuxième mi-temps Ledy entre, Amofa marque, puis ce cher David enchaine un joli amorti de la poitrine avec une frappe et marque malgré le retour kamikaze du défenseur vosgien. A ce moment-là comme beaucoup de gens à des milliers de kilomètre de là, je me dis ça y est, on va monter, Séchet va pouvoir ruminer sa rage dans les verts pâturages alentours, et notre Racing repartir enfin sur les fameuses bases saines dont tout le monde rêve depuis le cataclysme Hilali. Mais mais mais mais, les 2 buts Raonnais viennent à point nommé pour rappeler qu'avec le Racing l'on ne doit pas se réjouir trop vite, il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué et tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse, n'est-ce-pas mon cher [login =katzo68] ? Malgré cette frayeur finale, le match se termine sur cette victoire et une montée inespérée pour ma part.

Un peu avant 14h, (19h heure de Strasbourg), je ne suis pas encore retombé de mon petit nuage alsacien que déjà je dois me préparer pour le deuxième round. Nous partons pour le mythique stade du Maracana en compagnie de mon pote écossais fan des Hibernians (Franck Sauzée !! Zitelli !! Paatelainen !!!)! M'en fous, j'y vais avec mon maillot du Racing. Aucun rapport et alors ? La petite histoire ne retiendra sans doute pas qu'il y avait ce jour-là parmis les 70 000 personnes présentes un petit alsaciens qui chantait « allez allez Oohoooo » à la gloire du Racing vivant ce match comme un ersatz de la finale du groupe B de CFA. Eh oui, il y a des jours où l'on préférerait être au stade de la Colombière à Épinal avec les potes de la SG, plutôt qu'au Maracana de Rio. C'est aussi ça la magie du Racing.

oudin
Expatrié à Francfort, présent à Épinal
Épinal, Épinal, wir fahren nach Epinal !

Depuis peu membre de la communauté stubiste expatriée en Allemagne, je n'ai toutefois pas eu une organisation très compliquée pour ce déplacement à Épinal.
Hasard du calendrier, le jeudi de la vente des billets à la Meinau était un jour férié chez nos amis d'outre-Rhin ce qui m'a permis de récupérer dès le matin le précieux sésame (un signe ?).
C'est donc en voiture au départ de Strasbourg accompagné d'un stubiste célèbre que s'élance notre périple en ce dimanche 2 juin, jour de l'anniversaire de ma môman (toujours un signe ?). Les "67" sont partout : au bord des routes pour des « pauses techniques », sous le tunnel de Saint Dié à chanter vitres ouvertes (si vous vous reconnaissez..) et de plus en plus nombreux en arrivant à la Colombière.
Sur le match en lui-même tout a déjà été dit et écrit. Le scénario tant redouté n'a pas eu lieu. Adieu Montpellier, Châteauroux. Cette fois la roue tourne en notre faveur.
Les cris, l'angoisse, la libération, la joie collective, seul le foot peut générer ça. C'est le pied, tout simplement.

Le lundi matin, ma collègue, fan du Bayern, me raconte son déplacement du week-end à Berlin pour la finale de la coupe d'Allemagne. Elle a vécu une saison historique. Elle aussi.
J'essaie de lui faire comprendre l'enjeu de ce match à Épinal, d'où l'on vient. C'est vrai, Münich est champion d'Europe, mais cette finale à Épinal, cette montée signifie bien plus que beaucoup d'autres trophées.

rachmaninov

Commentaires (5)

Flux RSS 5 messages · Premier message par spoutnik · Dernier message par gennaro

  • Quatre visions d'un monde magnifié grâce au jeu du football. La Terre est ronde, rebondie et se shoote en bleu ! Allo, les habitants de Vulcain ? Oui. Il reste des polos. L'Univers est bien trop petit pour une si vaste ambition : allez Racing !
  • La hasard calendrier et le report du match ont fait que j'étais surement le supporter strasbourgeois présent à Epinal, le plus loin de ses bases (Réunion)
    Cet article montre bien que quand on est alsacien supporter de Strasbourg c'est pour toujours
  • Je me reconnais bien dans les discours des expatriés... Mais j'ai aussi réussi à faire comprendre à ma copine, que ce qui compte c'est la "4ème division française" :)
  • Il suffira de dire : "j'étais à Epinal"
  • Vie ma vie de supporter ! :) beaucoup de plaisir à lire des périples si différents mais si semblable...

Commenter


Connectés

Voir toute la liste


Stammtisch

Mode fenêtre Archives