Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Que sont-ils devenus ? David Ulm

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Par mediasoc, inter
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Aujourd'hui cadre de l'équipe de Sandhausen (2. Bundesliga), David Ulm a connu un parcours semé d'embûche mais est maintenant récompensé par sa ténacité...

Milieu de terrain offensif âgé aujourd'hui de 29 ans, David Ulm s'est imposé au SV Sandhausen en 2. Bundesliga, disputant plus de 150 matchs en Allemagne. Il nous a accueilli récemment au sein du club situé à quelques kilomètres de Heidelberg.

inter : Guten Tag David Ulm ! Merci de nous recevoir à Sandhausen, une petite ville à côté de Heidelberg dans le Bade-Würtenberg. Vous avez disputé plus de 150 matchs en Allemagne, donc on peut donc dire que vous êtes un pilier de Sandhausen... Quel a été votre parcours ?

Je suis né à Wissembourg, et j'ai fait mes premières classes à Seebach chez les débutants, poussins, minimes... Ensuite je suis allé à Haguenau après des tests, de 12 à 15 ans. Chez les moins de 15 ans deuxième année, je suis allé au Racing, où j'ai eu comme formateurs Thierry Brand, Jacky Canosi, Yvon Pouliquen avant qu'il reprenne l'équipe Une, Jean-Marc Kuentz...

Vous avez fait partie de l'équipe finaliste de la Gambardella en 2003 (ndlr : finale contre le Rennes de Gourcuff et Briand).

On avait une super équipe avec des joueurs qui évoluaient déjà en CFA, avec Eric Mouloungui, Habib Bellaïd, Karim Matmour, Gaëtan Krebs, Yannick Imbs... On avait sorti Saint-Etienne. Ce sont des bons souvenirs. En finale, il y avait du lourd en face, avec Gourcuff, Briand...

Vous êtes resté jusqu'en 2005 mais n'avez fait aucune apparition en équipe pro en match officiel.

J'ai fait des amicaux notamment en préparation. Il y avait aussi deux amicaux contre le Koweit et le Tchad avec Ivan Hasek. J'avais signé professionnel une année (avec Antoine Kombouaré) mais j'ai joué en CFA.

Pourquoi êtes-vous parti du Racing ensuite ?

Je pense qu'à l'époque, j'étais un espoir du Racing mais on a eu des problèmes dans les négociations pour la prolongation du contrat, on avait pris un peu la grosse tête avec mon père. Marc et François Keller m'appréciaient bien mais ces histoires ont fait que je n'étais plus vraiment soutenu ensuite... En tant qu'alsacien tu rêves de jouer en pro au Racing, ce n'est pas arrivé mais j'en garde une belle expérience.

Vous aviez connu Fabrice Viau.

C'était un super gaucher, très correct comme gars, il a eu un accident de voiture et ça avait choqué tout le monde, c'était très dur.
Ca m'arrive de croiser des joueurs qui évoluent en Allemagne, comme Matmour ou Kornetsky.

Après le Racing, vous avez fait des essais ?

J'ai fait un essai à Troyes, avec Jean-Marc Furlan à l'époque. C'était un genre de présélection avec une quarantaine de joueurs. Sur ces quarante, j'étais dans la demi-douzaine qui a fait ensuite un match amical avec des pros en reprise ou en CFA. Ca s'était bien passé mais je n'ai pas eu de proposition au final. Les échos venant du Racing (à propos des négociations de contrat) m'a peut-être joué des tours. Ce qui était difficile, c'était de passer de l'espoir du Racing à un joueur qui n'avait pas de contacts, même pas en National...

Je suis allé à Mulhouse (CFA), ils avaient de l'ambition pour monter. J'ai joué contre la réserve du Racing (fiche du match). Je marque sur pénalty et puis je me blesse. Les ligaments croisés du genou sont touchés. C'était un gros coup dur. J'ai tout de suite senti une grosse douleur mais je pensais que ça irait. A la mi-temps, j'essaye encore de repartir jouer mais finalement je dois céder ma place. Quelques jours après, le docteur pense encore qu'il s'agit d'une entorse. J'essaye quand même de m'entraîner car je n'ai plus de douleur mais je perdais mes appuis bizarrement. Après une IRM, le verdict tombe : rupture du ligament croisé, une opération et six mois d'arrêt...

Je me disais que c'était mort, et j'avais 20-21 ans, blessé... Heureusement que ma femme m'a beaucoup soutenu à l'époque. En France il y a plein de clubs formateurs, on cherche toujours plus jeune, je me demandais si j'aurais encore ma chance.

Finalement, je reprends assez vite après la blessure, après 5 mois et demi, à Mulhouse jusqu'à la trêve hivernale suivante (ses stats parlent de 29 matchs et de 7 buts en une saison et demie). J'ai un contact à Siegen pendant l'hiver, c'était la Régionalliga (3ème division à l'époque). Je venais de la quatrième division à Mulhouse, au monde (semi-)professionnel à Siegen. On avait nos propres équipements alors qu'à Mulhouse, on ramenait nos propres tenues...

La préparation se passe bien, la presse parle un peu de moi... Mais je me claque l'adducteur en voulant en faire plus après un entraînement... Par contre, les soins, les kinés étaient catastrophiques là-bas... Ca a été mal diagnostiqué, mal soigné... Ils me disaient que c'était dans ma tête ! A force de tirer sur la corde, finalement ça a complètement pété... Au final, je n'étais que blessé, quasiment tout le temps, puis ils m'avaient écarté en équipe 2... J'avais quand même pu jouer un amical contre le FSV Frankfurt qui m'avait vu et qui avait entendu parler de moi. Ils se sont renseignés.

Heureusement qu'il y a eu Edson Siasia (ex Schiltigheim) qui m'a recommandé un osthéopathe de Mutzig, Gilbert Beck, qui m'a bien aidé et je n'ai plus eu de soucis par la suite.

Je fais un essai d'une semaine au FSV Frankfurt, en faisant la route entre Siegen et Francfort (130 km aller) avec ma femme. Ca se passe bien mais d'après le manager, il n'y a plus de budget pour recruter. Après l'essai, pendant une semaine impossible d'appeler qui que ce soit au club, ils n'osent probablement pas dire qu'ils ne veulent pas de moi. Il me reste alors un an et demi de contrat à Siegen, au pire je joue en équipe deux et je pars faire des essais un peu partout.

En janvier, ma femme me dit qu'elle a fait un rêve : "je te vois sur le terrain et avec mon frère, on est en train de pleurer. Je ne sais pas ce que ça veut dire, je ne sais pas si c'est quelque chose de génial ou de catastrophique. Appelle encore une fois l'entraîneur de Frankfurt, demande-lui pourquoi il ne t'a pas pris, pour ta tranquillité personnelle". Je n'étais pas vraiment convaincu. Si elle ne me l'avait pas dit, je ne l'aurais jamais fait. Je lui dois beaucoup ; qui sait ce qu'aurait été ma carrière aujourd'hui ? J'appelle en numéro inconnu et l'entraîneur répond, cette fois-ci mais me dit qu'il a perdu mon numéro, patati, patata... Le manager veut encore me voir pour un match amical, je marque le premier but. Ils me demandent de revenir encore le surlendemain, puis encore une fois... Mon agent me dit qu'ils m'ont assez vu, il faut qu'ils se prononcent.

Ils me proposent un "petit" contrat, à prendre ou à laisser, à compléter avec des indemnités de départ à Siegen. Je négocie à Siegen et au moment de signer à Frankfurt, on me dit qu'il y a un problème, qu'ils ont un autre attaquant que l'entraîneur veut en même temps que moi, mais que le club ne pourra pas financer les deux. Bon. Je viens de casser mon contrat avec Siegen, je suis libre. Le FSV prend l'autre attaquant mais on arrive finalement à signer, presque à contre-coeur pour le manager du club. Personnellement, je suis sûr de pouvoir m'imposer dans l'équipe, malgré la concurrence. Et effectivement, après la préparation d'avant-saison en Espagne, je gagne ma place et dès le premier match ça se passe bien, les projecteurs se sont tout de suite tournés vers moi. Je suis dans le onze-type de la première journée. Je joue toute la saison et à la fin de la saison 2007-2008, on monte en deuxième division. C'est la montée que ma femme avait vu en rêve (rires).

Après une saison en deuxième division, vous allez vers les Kickers d'Offenbach (Dritte Liga, la nouvelle 3ème division allemande).

Offenbach, c'est la banlieue de Francfort. Je n'y reste qu'une saison, avec 8 buts marqués et 6 passes décisives. C'est un club traditionnel avec beaucoup de fans. Andy Möller en était le manager à l'époque. En deuxième partie de saison, ça se passe moins bien et j'attrape la mononucléose pendant trois mois... A la fin de saison, ils veulent me prolonger mais avec une baisse de salaire.

Sandhausen, où officie Régis Dorn - qui est aujourd'hui le manager du club - est intéressé et ont envie de monter. C'était un club ambitieux, qui se donne les moyens, ça donnait envie... Je les rejoins en 2010. On monte en deuxième division, la deuxième saison. Aujourd'hui, c'est ma quatrième saison.

Les résultats sont satisfaisants, vous êtes en milieu de tableau de 2ème division.

C'est assez serré cette saison. On a une meilleure équipe que la saison passée où on luttait pour le maintien. Il faut voir jusqu'où ça nous mène.

Ici, c'est le Président qui pousse le club, il est dans l'immobilier. Il a fait grandir le club au fur et à mesure. C'est un petit club ici, à la base. Il n'y avait pas la nouvelle tribune. Si on se maintient, le stade continuera à s'étoffer. Même les vestiaires, ce n'était pas ça, maintenant on a un sauna, une salle de musculation.... J'ai vu évoluer le club. Le club se construit bien, petit à petit.

http://mediasoc.racingstub.com/blogs/m/mediasoc/photos/131/963942...

Nous ne sommes pas loin d'Hoffenheim et il y a une grosse rivalité qui date d'il y a quelques années quand les deux clubs étaient en quatrième division. A l'époque, jouer contre Sandhausen, c'était le match de l'année. Avec Dietmar Hopp, ils sont passés devant. Aujourd'hui, on ne sent pas trop la rivalité vu que nous ne sommes pas dans la même division. Sinon, pas loin, il y a encore Waldhof Mannheim qui est un club aussi traditionnel.

Quelles sont les différences avec la France ?

Ce que j'aime bien en Allemagne, c'est d'être plus professionnel et d'être devant plus de spectateurs. Le jeu est offensif, on joue pour marquer, pour aller de l'avant. Même si j'ai quitté la France à 21-22 ans, après avoir joué en CFA, en France il y a plus la volonté d'être en place, de ne pas prendre de but. Ca se voit au niveau des résultats, ici il y a souvent beaucoup de buts dès le début du match.

Il y a globalement 3000 ou 4000 fans de Sandhausen (pour une affluence moyenne autour des 7000 spectateurs) dans le stade et à l'extérieur ça fait beaucoup plus, par exemple on a joué devant 27 000 spectateurs à Düsseldorf. On a quelques rendez-vous de temps en temps avec les supporters, une séance d'autographes par exemple, mais pas trop de proximité. On finit quand même par en reconnaître quelques uns (rires).

Parlons un peu de Strasbourg : comment avez-vous vécu la descente du club ?

Le dernier match de la saison de Ligue 2 à Montpellier a été déclencheur du dépôt de bilan, beaucoup de moyens ont été mis et à trois fois rien, tout s'est écroulé. C'est dommage pour la région, qu'il n'y ait pas de club dans les deux premières divisions. Maintenant, il y a juste le Racing et Colmar en National... Les jeunes vont partir ailleurs, dans d'autres centres de formation. Le Racing mériterait d'être au moins en Ligue 2.

J'ai joué avec François Keller en CFA, puis c'était mon entraîneur. C'est un super mec et en tant qu'entraîneur, je l'ai toujours trouvé super car il vit le match, il dirige beaucoup et donne des conseils. Je connais beaucoup d'entraîneurs qu'on entendait pas pendant le match. J'aime bien les entraîneurs qui vivent le match comme s'ils jouaient, en voulant corriger ou aider ses joueurs. Après les deux montées, ça ne se passe pas super bien mais l'essentiel est de rester dans la division. Faut être patient. François Keller est un bon coach.

Vous gardez des contacts avec d'anciens camarades de Strasbourg ?

Je n'ai pas trop de contacts mais je passe à Strasbourg de temps en temps.

Et la suite, pour vous ?

Quand on a goûté à l'Allemagne, il n'y a pas forcément envie de retourner en France. Les gens vivent le foot ici, plus qu'en France. A l'époque, même en Ligue 2, la Meinau était à moitié vide. Ici dans un club traditionnel, il y a facilement 10 à 15 000 spectateurs même en troisième division. Ce qui me convient bien, c'est le football offensif. Je me sens bien en Allemagne. Mais s'il y a une belle opportunité en France, pourquoi pas ? J'ai 29 ans et encore quelques années devant moi.

Au niveau de la reconversion, peut-être que ça m'intéressera d'entraîner. Pour l'instant, à part le niveau de base, je n'ai encore rien fait. Au Racing, j'avais fait un Bachelor en marketing, mais si j'avais voulu continuer, j'aurais dû m'absenter souvent de Sandhausen. J'y penserai plus tard.

Merci de nous avoir accueilli à Sandhausen et bonne chance à vous !

Entretien réalisé le 14 novembre 2013 par inter et mediasoc

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