Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

[1979-1980] RCS - Dukla Prague, Coupe des clubs champions

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Flux RSS 35 messages · 5.275 lectures · Premier message par schlesier · Dernier message par dudu

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  • RACING c. DUKLA PRAGUE par Léonard Specht (7 novembre 1979)

    En route vers les 1/4 de finale de la Coupe d'Europe des Clubs Champions 1979-80

    Deux semaines ont passé mais les images du match aller (0-1) sont toujours aussi réelles dans la tête de Léonard Specht, et elles tournent, tournent, tournent. Dans l'autre lit, tout proche, Decastel dort. "Celui-là, je l'envie. Quel que soit le jour, quelle que soit l'heure, quel que soit l'endroit, il se met au lit et dort immédiatement. Ce n'est pas le cas de Specht qui fermera enfin les yeux à plus de minuit.

    Il sera pourtant le premier debout pour le rituel petit déjeuner avec Carlos Bianchi. La journée va être longue. Il faut l'occuper. Les journaux, le plein d'essence en Allemagne ("c'est moins cher"), un billard avec Marx ("il me met une raclée à chaque fois") et le déjeuner. "Un menu sportif, bien sûr. Pas très éloigné de ce que me fait ma femme Nicole. Elle n'est visiblement pas une intime de Paul Bocuse, mais elle a fait beaucoup de progrès. Et lorsque je veux manger un peu mieux, je vais chez les parents ou les grands-parents."

    La télévision constitue l'essentiel du programme de l'après-midi. Gress n'est pas d'accord, mais comment empêcher ces amoureux du football que sont toujours tous les professionnels de suivre Hambourg-Tbilissi sur une chaîne allemande, puis Bucarest-Nantes sur TF1?

    Il est 17h45 quand Gilbert Gress sonne le rappel de tout son monde pour la traditionnelle conférence d'avant match. "Parfois, je me demande s'il n'est pas un peu devin" raconte aujourd'hui Specht. "Il avait attaqué en nous recommandant bien de savoir attendre, de ne pas partir la fleur au fusil. L'idéal, avait-il ajouté, serait de marquer en fin de match et de réussir un deuxième but pendant la prolongation..."

    Chacun prend ensuite sa voiture pour se rendre au stade. Marx monte avec Specht et tous deux ont la même surprise. "La Meinau était en folie. Il y a avait une ambiance fantastique. On sentait les gens tout proches de nous. Rien à voir avec le championnat. Dans les vestiaires, je les entendais chanter. J'en avais des frissons. Nos gestes n'étaient guère différents de ceux que nous faisions habituellement avant les matches de championnat, mais, pourtant, chacun de nous avait un peu plus de mal à respirer. J'ai même tâtonné un peu pour mettre mes verres de contact. Au fait, vous ne savez peut-être pas qu'il existe dans l'équipe un joueur encore plus myope que moi et, je n'arrive jamais à y croire, ne porte pas le moindre verre. C'est... Carlos Bianchi lui-même.

    Pendant une bonne demi-heure, les Alsaciens ne surent par quel bout prendre ces Tchèques que, visiblement, ni l'enjeu ni l'ambiance n'impressionnaient. Certes, l'immense Netolicka, celui-là qui l'année précédente avait livré un duel homérique au nantais Henri Michel, avait dû se coucher sur quelques tirs de Piasecki, Tanter ou Deutschmann, mais il n'y avait pas là de quoi faire une différence. La fin de la première mi-temps pourtant avait montré des Strasbourgeois nettement plus décidés, trouvant visiblement le rythme indispensable à la réalisation d'exploits européens.

    Gilbert Gress avait compris que les siens étaient sur la bonne voie. "Continuez ainsi" avait-il dit au repos "ne prenez pas de risques en défense et bougez en attaque !" Jacky Novi avait aussi exprimé le désir de quitter sa place mais l'entraîneur avait répondu assez sèchement qu'il n'en était pas question.

    "Nous sommes repartis avec une volonté fantastique" se souvient Specht. "Chaque ballon semblait être de l'or qu'il nous fallait à tout prix gagner. L'avant-centre que je marquais jouait plutôt comme un milieu défensif, alors je me retrouvais souvent devant, souvent à l'aile droite. Comme je suis essentiellement gaucher, j'étais un peu gêné et j'ai changé de Tchèque avec Decastel. A chaque minute nous étions un peu plus dangereux. Au bout d'une heure, Carlos a remplacé Tanter, et immédiatement Dukla a eu une occasion que Gajdusek a manquée. Il devait encore avoir la tête dans les mains quand Carlos a remisé pour Piasecki qui a marqué. J'étais à peine quelques mètres derrière lui. Je me suis jeté sur lui avec la meute de tous les autres, je crois bien qu'on a failli le blesser.

    J'étais certain qu'on allait ajouter un second but tout de suite. J'ai même cru que c'était moi qui le marquerai quand j'ai placé une bonne tête que cette araignée de Netolicka est allée chercher. On les pressait, on les poussait mais... rien. Et, à la fin du temps réglementaire, tout restait à faire."

    Dukla Prague et le Racing devaient donc jouer trente minutes supplémentaires alors que déjà l'épuisement les avait gagnés. Et l'arbitre, l'Espagnol M. Lomo Castillo, n'avait pas particulièrement envie d'être généreux. Il ne leur accorda que sept minutes pour récupérer. Juste le temps pour Gress de désigner les tireurs de penalties si rien n'était marqué pendant cette prolongation : "Carlos (Bianchi) en numéro 1, Francis (Piasecki) en 2, Raymond (Domenech) en 3, Marx en 4, Léon (Specht) en 5..."

    "Il avait un peu hésité sur mon nom" raconte le brave Léon, "et, pendant la prolongation, je n'ai pas cessé de penser à ce penalty. Comment vais-je le tirer? A droite, à gauche? En force, en finesse? Je ne pensais qu'à ça, et j'ai bien dû changer dix fois de manière.

    Pendant ce temps, nous dominions et, soudain, à deux minutes de la fin, Decastel a marqué. Je n'y croyais plus, je ne pensais qu'à mon penalty. Alors, je suis tombé sur les genoux à l'endroit même où j'étais. C'était une sensation fantastique. Je m'étais tellement donné... Je savais que c'était le match le plus important de ma vie, le plus important de toute l'équipe, de notre public aussi. Je ne sais pas combien de temps je suis resté ainsi à genoux, les bras en l'air.

    Et lorsque le jeu a repris, les Tchèques n'avaient plus de force. En auraient-ils eue que cela n'aurait rien changé. Personne n'aurait pu nous prendre notre victoire.

    Les embrassades, la liesse, les journalistes, la douche, tout a ensuite été très vite pour moi. Mes frères étaient à la maison, j'étais pressé. Peut-être aussi avais-je une certaine envie de savourer mon bonheur loin de la foule. A une heure du matin, j'étais au lit. Mais les images étaient trop fortes. Je ne me suis endormi que lorsque le jour se leva..."

    Le Racing Club de Strasbourg était quart de finaliste de la Coupe d'Europe des Champions depuis la veille au soir.

    (in "Le Livre d'Or du Football 1980", ed. Solar)
  • Vous y étiez ? Racontez "votre match" ! Racontez aussi ce qu'on vous en a dit si vous n'y étiez pas (parents, amis...) ou si vous n'étiez pas nés.
  • Bon sang je crois que je vais pleurer... ça y est... :((
    :) mince ça aurait mérité un article rien que ce match là :)
    Je garde mes commentaires persos pour l'article que je suis en train de faire sur cette saison européenne :'>
  • Tout simplement magnifique ! merçi à toi ! ça fait rêver :(
  • schlesier a écrit :

    Le Racing Club de Strasbourg était quart de finaliste de la Coupe d'Europe des Champions depuis la veille au soir.


    Quelle phrase orgasmique... =P~
  • schlesier a écrit :
    Dukla Prague et le Racing devaient donc jouer trente minutes supplémentaires alors que déjà l'épuisement les avait gagnés. Et l'arbitre, l'Espagnol M. Lomo Castillo, n'avait pas particulièrement envie d'être généreux. Il ne leur accorda que sept minutes pour récupérer. Juste le temps pour Gress de désigner les tireurs de penalties si rien n'était marqué pendant cette prolongation : "Carlos (Bianchi) en numéro 1, Francis (Piasecki) en 2, Raymond (Domenech) en 3, Marx en 4, Léon (Specht) en 5..."

    "Il avait un peu hésité sur mon nom" raconte le brave Léon, "et, pendant la prolongation, je n'ai pas cessé de penser à ce penalty. Comment vais-je le tirer? A droite, à gauche? En force, en finesse? Je ne pensais qu'à ça, et j'ai bien dû changer dix fois de manière.


    pensez-vous que c'est une bonne idee de designer les tireurs d'eventuels tirs aux buts avant la prolongation ?
    on voit bien comment specht s'est pris la tete la dessus, en perdant du coup sans doute de sa concentration...
  • Je pensais exactement la même chose je t'avoue...

    J'ai l'impression que pour gagner aux tirs au buts, il faut justement le moins gamberger autant que possible.
  • ça fait rêver....j'aimerai temps revoir le racing nous faire vibrer ainsi !
  • Histoire de me répéter, je signale tout de même que mon collègue est à l'origine de la victoire... Je m'explique. Gresse ne piffait pas Bianchi, comme toutes les "stars" et le beau Carlos n'était que remplacant au début du match... Au bout d'une heure de jeu, mon collègue qui se trouvait dans le public en a marre, veut voir rentrer Bianchi. Il gueule très fort "Bianchi", il est repris par toute sa tribune, puis par tous le stade... Gress fait rentrer Bianchi sous la pression du public et Carlos adresse la passe décisive à Piasecki pour le premier but. :)
  • merci boogie d'avoir emmene ton pote a la meinau ce soir-la !
    :o)
  • samh a écrit :
    merci boogie d'avoir emmene ton pote a la meinau ce soir-la !
    :o)


    Ben à l'époque, j'avais 9 ans et donc pas de collègues, que des camarades de classe... Mon colllègue, je ne le connaissais pas à l'époque :'>
  • Il me semble que la Meinau avait battu un record d'affluence ce soir là.. On était pas à 35 000 spectateurs?
  • 35 000 n'est pas le record d'affluence. On a eu plusieurs fois cette affluence depuis 10 ans. On a même eu 38000 en 92 contre MArseille.
  • rachmaninov a écrit :
    35 000 n'est pas le record d'affluence. On a eu plusieurs fois cette affluence depuis 10 ans. On a même eu 38000 en 92 contre MArseille.


    Oui je sais mais pour l'époque
  • chris68 a écrit :
    rachmaninov a écrit :
    35 000 n'est pas le record d'affluence. On a eu plusieurs fois cette affluence depuis 10 ans. On a même eu 38000 en 92 contre MArseille.


    Oui je sais mais pour l'époque

    Ok, désolé d'avoir répondu à côté de la plaque... :-'
  • rachmaninov a écrit :
    chris68 a écrit :
    rachmaninov a écrit :
    35 000 n'est pas le record d'affluence. On a eu plusieurs fois cette affluence depuis 10 ans. On a même eu 38000 en 92 contre MArseille.


    Oui je sais mais pour l'époque

    Ok, désolé d'avoir répondu à côté de la plaque... :-'


    C'est rien... oui donc y avait 35 000 personnes.... quelle ambiance il devait y avoir O:)
  • A noter que les records d'affluences de la Meinau depassent les 40 000 et ne concernent pas des matchs du Racing: France-RFA 84, Portugal-RFA (Euro 84), Belgique-Danemark (Euro 84), Ajax-Malines (Coupe des Coupes 88)...
  • Et avec la Coupe du Monde 98 il y aurait pu (dû) y avoir un stade de 35.000 à 40.000 places assises... comme à Nantes quoi... Je n'arriverais jamais à comprendre...

    Au fait, est-ce que quelqu'un se rappelle de l'ambiance (dans les rues, les magasins, etc.) à Strasbourg la veille et le jour du match contre Dukla?
  • Qu'est devenu aujourd'hui le Dukla Prague ?
    En effet, on entend plus parler du Slavia ou du Sparta.
  • Le Dukla Prague a fusionné avec le Pribram Football Club au début des années 90 et est devenu le Marila Pribram, qui est dans la banlieue de Prague je crois.

    Le Dukla avait été créé par l'armée Tchécoslovaque en 1947, nommé A.T.K. en 1953, mais son nom devint Dukla en 1956 en l'honneur d'un village Tchèque de ce nom qui avait resisté aux Allemands durant la seconde guerre Mondiale.

    Nous n'avons pas eu de FC Oradour Strasbourg, ce qui aurait pu être semblable...
  • Racing-Dukla Prague c'est le premier match que j'ai vu à la Meinau. Tout simplement magnifique.
  • Belle entrée en matière effectivement :)
  • C'est clair qu'on peut pas rever mieux.
  • Vas y, raconte un peu tes souvenirs de gamin de l'époque ! :)
  • schlesier a écrit :


    Le Racing Club de Strasbourg quart de finaliste de la Coupe d'Europe des Champions



    Je rêve de voir un titre pareil dans les DNA de nos jours !! dire que le simple fait d'accrocher le tour préliminaire relève de la pure utopie :(
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