Bassila file à l'anglaise
Conspué par la Meinau samedi contre Auxerre, le milieu de terrain du RCS est, depuis hier et jusqu'à vendredi, à l'essai à Sunderland.Les choses n'ont pas traîné. Ce qui ne signifie pas pour autant qu'elles soient réglées, puisque, comme le dit Marc Keller, « Christian Bassila n'est pas encore parti. » Mais quarante-huit heures après son calvaire à la Meinau lors de la première période contre Auxerre, le milieu récupérateur du Racing, Christian Bassila, a quitté Strasbourg pour un essai de quelques jours à Sunderland.
Lundi soir, l'ancien capitaine bas-rhinois, arrivé en 2001 en Alsace, a repris le chemin d'une Angleterre qui ne l'a jamais perdu de vue depuis son prêt à West Ham lors du premier semestre 2001. À l'hiver 2003-2004, Everton s'était notamment fait pressant pour l'enrôler, mais s'était heurté au refus du RCS.
Cette fois, l'ancien Lyonnais a donc rallié Sunderland, champion de League One la saison dernière et de retour en Premier League cette année, pour un test qui, en principe, prendra fin vendredi. Le club anglais vient déjà d'obtenir le prêt du jeune attaquant français de Liverpool, Anthony Le Tallec, formé au Havre et qui a passé six mois à Saint-Etienne en début de saison dernière.
« Jamais vu ça depuis 1973 »
Dès ce week-end, tant le joueur que les dirigeants bas-rhinois s'étaient rendus à l'évidence : Bassila peut difficilement envisager de rejouer à la Meinau devant un public qui l'a pris en grippe. Leur volonté commune de trouver une solution rapide et amiable a ainsi débouché en moins de deux jours sur cet essai à Sunderland.
Un départ provisoire qui a reçu l'assentiment de Jacky Duguépéroux, consulté lundi après-midi par Marc Keller. « Christian avait émis le souhait de partir à l'intersaison, mais nous étions convenus que s'il n'avait pas quitté le club avant le début du championnat, il resterait », raconte le coach, « la porte avait été ouverte pour lui, elle ne l'était plus. Nous nous étions même serré la main pour entériner cet accord. Et je comptais sur lui.
Dans une équipe, il faut de tout : des buteurs, des joueurs capables de distiller des passes décisives et d'autres qui vont au casse-croûte (sic) pour leurs partenaires. Christian fait partie de ces derniers et je pouvais m'appuyer sur lui pour aller au combat. Une équipe est affaire de complémentarité. » Mais alors que Bassila (121 rencontres et 10 buts en L 1 et L 2 sous le maillot bleu) semblait parti pour... rester jusqu'au terme de son contrat, en 2006, « un fait nouveau est intervenu », comme doit bien l'admettre « Dugué »: « Depuis 1973 que je suis à Strasbourg, je n'avais jamais entendu ça, si vite et si fort. Dès sa première passe ratée ou presque, il a été sifflé. L'acharnement du public m'a choqué. Sur le terrain, Christian était sonné.
Les gens ne se rendent pas toujours compte des répercussions négatives de leur comportement. » Des répercussions, la « mise à mort » - pour reprendre l'expression exacte de l'entraîneur - de samedi en aura forcément, puisque si son test en Angleterre se révèle concluant, Christian Bassila sera sans doute libéré de sa dernière année de contrat et quittera l'Alsace.
Du coup, Duguépéroux et ses dirigeants doivent aujourd'hui faire face à un nouveau dilemme, alors que l'arrivée de Guemamdia hier aurait dû définitivement boucler la campagne de recrutement.
« Pour compenser le probable départ de Christian, il me faut un milieu récupérateur », insiste le technicien, « car si Sidi Keita venait à se blesser, je ne disposerais plus de milieu défensif spécifique bis. Alors, que ce soit Hosni, capable, par son impact, de tenir ce rôle, ou un autre, il me faut un renfort. »
Source: L'Alsace
