RCS TV... ou pas

Evoqué à plusieurs reprises ces derniers mois de manière plus ou moins officielle, reporté, démenti, le projet d'une chaîne de télé propre au Racing a refait surface au début du mois par la voix de Philippe Ginestet. La chose reste au stade d'étude, mais la nouvelle donne en matière de droits télé et l'intérêt pour le Racing dans la région donnent des idées à certains.

Pour avoir une petite idée du profil que pourrait avoir cette chaîne, quittons un instant notre Alsace pour aller voir ailleurs si le tube cathodique brille plus fort, histoire de voir ce qui se fait chez les autres... et avec quels moyens.

Pionnier en la matière, l'Olympique de Marseille a lancé son OMTV dès 1999, devenant le second club après Manchester United à se doter de son propre canal vidéo. Le budget de départ est conséquent : 2,6 millions d'euros, et à la hauteur des ambitions : toucher les supporters de l'OM partout en France grâce à un nouveau support : le satellite, couplé à la perception d'un abonnement (65 euros par an aujourd'hui). Pari en partie gagné : 60% des abonnés résident hors de Provence. Aujourd'hui OMTV est disponible sur les deux bouquets satellites, via le câble (Noos) et certaines séquences sont disponibles via le site internet du club (moyennant finance évidemment). En effet la chaîne fait partie intégrante du pôle OM Média; qui regroupe également le site et le magazine du club. L'ensemble est dirigé par Frédéric Jaillant (ancien directeur des sports de TF1), qui coiffe une vingtaine de journalistes qui produisent 4 heures de programme “frais” par jour, sur un canal qui émet désormais 24h/24. Bref l'OM a fait les choses en grand, mais avec des moyens qui ne seront pas de sitôt ceux du Racing...

Dans la même logique, Jean-Michel Aulas a lancé en août 2005 OLTV. Mêmes supports : le satellite et le câble, avec en plus des offres sur Free et Maligne TV (pour 5,30 euros par mois), et même structure, via le pôle OL Image. Celui-ci regroupe, outre OLTV, la production de DVD et les écrans géants de Gerland). Comme d'hab', Aulas ne fait pas les choses à moitié : 1 million d'euros d'investissement, et 4 millions de budget annuel, soit près de 20% du budget du Racing ! OLTV dispose ainsi d'un bus transformé en studio itinérant, qui permet d'enregistrer des émissions partout où joue le club, et de studios au siège de l'OL, capables d'accueillir du public. Le présentateur vedette n'est autre que Barth, ancien animateur radio et cofondateur des Bad Gones, le principal groupe de supporters lyonnais... Le contenu est grosso-modo le même que sur OMTV, pas mal d'interviews de joueurs, de reportages sur la vie du club, d'analyse de match, l'essentiel se passant en plateau.

Bon à ce rythme là, vous allez me dire qu'on est pas prêt de l'avoir notre chaîne 100% Racing... et vous avez raison. Car l'astuce consiste alors à s'appuyer sur une chaîne existante via un partenariat. C'est d'ailleurs ainsi que les programmes sur l'OL ont vu le jour : en association avec la chaîne locale TLM (Télé Lyon Métropole), qui diffuse en hertzien sur l'ensemble de l'agglomération lyonnaise. Ce schéma permet de réduire considérablement les coûts, puisque le matériel (très onéreux en télé) et le personnel sont également employés pour produire des programmes sur d'autres thématiques. C'est ainsi qu'un club d'envergure plus modeste, le TFC, a récemment pu se doter lui aussi de sa chaîne (TFC TV , pour faire dans l'original). Les programmes sont donc produits en collaboration avec la chaîne locale : TLT (Télé Toulouse), qui existait auparavant, et disposait donc du canal et d'une partie des moyens. Lancée début 2005, elle est dirigée côté TFC par Maguelone Hédon, l'ancienne directrice d'OMTV, qui se trouve être la femme de Christophe Bouchet (oui, oui, l'ancien président de l'OM, mais c'est une coïncidence...). Le tout fournit une émission de 26 minutes par jour consacrée au TFC, pour un budget de 300 000 euros annuel (10% de celui d'OMTV), ce qui est déjà plus dans nos cordes.

L'apport décisif des clubs dans ces projets, ce qui peut leur permettre de séduire les télés locales, c'est que depuis la réforme des droits télé les clubs peuvent disposer de leurs images de match. Autrement dit quand CanalSat vient à la Meinau filmer les matches de championnat, ils remettent au club une cassette de ce qu'ils ont filmé : soit exactement ce que vous avez pu voir si vous avez acheté le match à la carte (sans les commentaires évidemment). Du coup les clubs disposent d'un superbe produit d'appel pour leurs chaînes, et c'est ainsi qu'on retrouve depuis cette saison les matches de l'OM, de l'OL, de Bordeaux ou du TFC sur leurs canaux respectifs dès minuit le soir du match (fin de l'exclusivité de Canal).

Bon et le Racing dans tout ça ? Et bien un projet “light” à la sauce toulousaine a failli voir le jour en début de saison. Il reposait sur un partenariat entre le club et la chaîne locale Alsatic, présente sur le câble dans toute l'Alsace. Un numéro zéro avait d'ailleurs était tourné fin août lors de la photo officielle de l'équipe, mais Marc Keller avait freiné des quatre fers devant le démarrage calamiteux de l'équipe en championnat. Le schéma de départ s'orientait sur deux émissions hebdomadaires de 15 ou 30 minutes : l'une avant le match du week-end, l'autre pour en faire le compte-rendu. On est bien loin de chaîne à part entière comme OMTV, mais plus dans une émission diffusée sur une chaîne hôte, de laquelle le Racing est partenaire. Apparemment un certain nombre de questions techniques liées à la complexité du réseau câblé alsacien (plusieurs opérateurs, manque d'interconnexions) plombaient également la réalisation du projet. Aujourd'hui, Alsatic annonce un développement conséquent pour cet automne, mais le Racing se sera lui engagé sur le chemin de la L2. Les affiches, les joueurs et les affluences qui vont avec devraient avoir raison du projet... pour l'instant.