Sochaux - RCS, côté tribunes

Je suis de retour du futur

Quand fin Novembre la tremblante et ô combien convoitée main de Matt tira la boule du Racing juste à la suite de celle du FC Sochaux Montbéliard, personne ne pensa aux saucisses. Mais bel et bien à ce classico du championnat de France de première division qui allait, magie de la Coupe De France, avoir lieu à nouveau. Et pour ceux qui en douteraient il est encore possible de lire l’excellent article du Stub à ce sujet (https://racingstub.com/articles/16777-80-ans-de-rencontres-sochaux-racing

Évidemment, personne ne pensait que cela aurait lieu un lundi soir, magie de la télévision. Qu’importe. Le fan du Racing sait qu’il tient là, l’affiche de sa fin d’année footballistique. Et quand quelques semaines plus tard, il se retrouve grelotant sur le parking de la Meinau, il sait qu’il ne s’est pas trompé. Quatre bus attendent sagement leurs occupants, pendant que les supporteurs du Racing affluent de toute l’Alsace, la France, l’Europe puisqu’un exilé luxembourgeois fera même le court mais périlleux trajet pour ne pas rater l’évènement.

Ultra Boys 90, Kop ciel et blanc ou Fédération des supporteurs. Les 4 bus partent en même temps et se retrouvent tous englués dans le trafic strasbourgeois du lundi soir. Il faut donc de longues minutes pour s’extirper du pseudo périphérique de la capitale régionalo-européenne et laisser loin derrière le grand Hamster d’Alsace Lorraine Champagne Ardennes, qu’on est pas trop sûr où il vit finalement lui.
C’est donc tout naturellement, après le ramassage des supporteurs bas-rhinois, que le cortège arrive à Bonal. Sous bonne escorte policière et pas en avance du tout.

Nom de Zeus

Évidemment, qui dit match à Bonal dit derby. Bon, petit derby mais derby quand même. Donc qui dit derby dit sécurité renforcée et donc police partout, convivialité nulle part. Ainsi il faut, dans la grande tradition des derbys de l’Est, faire passer plusieurs centaines de personnes par un portail que l’on ouvre d’une amplitude égale à la largeur d’un alsacien moyen, mais pas de face.

Au début c’est relativement drôle. Le temps d’aller se soulager sur l’enceinte en béton du stade qui ressemble à un recueil de poésie. Et puis il faut le temps de finir sa dernière canette pour se donner le courage d’affronter l’ambiance glaciale de Bonal. Mais bon voilà le match commence dans un quart d’heure, la file n’avance pas et il a tout de même l’air faire plus chaud dans le stade qu’en dehors.

Ça pousse un peu, ça crie un peu, ça râle beaucoup. Finalement tout le monde rentre, pas pour le coup d’envoi évidemment. Mais qui dit derby, dit organisation moisie. Qu’à cela ne tienne, nous voici dans le stade et si le parcage est déjà bien rempli et les UB90 font une entrée théâtrale aux cris d’hourra hourra les Strasbourgeois sont là. Et pour être là, ils sont nombreux. Un petit millier, sûrement 700 dans le parcage, beaucoup d’autres encore éparpillés dans le stade. Une quinzaine de supporteurs de Karlsruhe sont également présents. Alléchés par cette rencontre au sommet.

Quelques bougies sont allumées à la suite de l’entrée théâtrale. L’ambiance de Bonal est plus que glaciale et c’est évidemment le meilleur moyen de la réchauffer. Et puis avouons le c’est plutôt esthétique.

Johnny B. Goode

Le match peut donc commencer pour de bon. Nous sommes à la 9ème minute et N'Dour a comme une révélation quand il reprend la balle et l’envoie au fond des filets. Le parcage éclate de joie, le Racing marque d’entrée de jeu, on ne pouvait rêver meilleur scénario. L’émotion quelque peu retombée, il est temps de s’atteler à la mission du soir : redonner un peu de vie à la triste enceinte sochalienne. C’est qu’à Montbéliard la lassitude semble avoir fait un travail d’érosion considérable. Jamais vraiment réputé pour sa chaude ambiance, Bonal a tout de même connu quelques heures de gloire depuis sa rénovation. Ne serait-ce que la victoire face à Dortmund en coupe d’Europe ou bien même une victoire face au grand Racing en championnat. Mais depuis la lente agonie sportive des lionceaux, le stade ressemble de plus en plus à un tombeau, un soir où les morts vivants seraient allés au PMU du coin.

L’anneau supérieur a été tout simplement fermé et 3 kopounets se battent en duel, exilés aux 3 coins du stade, le dernier quart de virage étant réservé aux visiteurs. C’est donc dans ce quart de virage qu’un premier message fait son apparition : « Joys en sommeil depuis 96 ». Il a le don de réveiller le quart de virage opposé ou l’on peut supposer que se retrouvent les ex – néo Joysrider le groupe ultra sochalien. Aucune confirmation ne sera évidemment apportée de leurs parts quant à un quelconque signe d’ambiance dans ce secteur. Bref ça chambre un peu. C’est l’esprit derby, c’est même relativement fin.

Quelques minutes plus tard un second message fait son apparition, utilisant les mêmes T-shirts comme support. Support original et multi usage mais qui ne va pas sans une organisation militaire. Donc voilà qu’apparait « Eurosport eculé ». Les plus grivois d’entre vous auront subodoré l’absence d’une lettre, les plus littéraires auraient peut être préféré utiliser suranné. Dans les 2 cas le message est moins fin et s’adresse directement à la chaine retransmettant la rencontre et responsable de sa programmation un lundi à 20h45 alors qu’une véritable fête du football aurait pu avoir lieu le weekend avec des conditions météo dignes de ce nom. Les ultras ajoutent la parole au geste et la rencontre continue jusqu’à la mi-temps qui voit toujours le RCS dominer les débats.

Rien ne change en seconde période, et chaque minute qui rapproche l’équipe de la qualification, gonfle également le moral des fans. Les chants se font de plus en plus puissants. Les capos se permettent même une grecque, figure de style des tribunes où le public tourne le dos au terrain. Démontrant ainsi sa confiance absolue dans la victoire de ses protégés. Petite séquence nostalgie aussi quand les strasbourgeois reprennent le chant mythique du déplacement à Bonal post victoire au stade de France en coupe de la Ligue. Ce fameux chant qui avait duré plus d’une demi heure et vu le Racing encaisser un but, égaliser puis prendre l’avantage : lolololo - les plus imaginatifs auront compris de quoi je parle-.

Mac Fly to the moon

Un dernier Stras Bourg Geois fait trembler la structure en bois du frère jumeau de Michel-d'Ornano et puis c’est Noël avant l’heure. La neige commence à tomber, le parcage entonne Jingle bells. La vie est belle, le Racing est qualifié. Le stade se vide rapidement pendant que les joueurs viennent partager leurs joies avec leurs supporteurs. Pendant qu’ils regagnent les vestiaires et une douche brûlante autant méritée qu’enviée par les plus refroidis d’entre nous, le kop réclame son humba aux capos. On ne badine pas avec les traditions, ces derniers s’exécutent.

Puis c’est l’attente. Pour sortir du stade, pour sortir du parking, pour entrer sur l’autoroute, pour retrouver l’Alsace puis sa capitale. L’attente mais joyeuse, entre chants et analyses satisfaites de la rencontre. Seul bémol la programmation imbécile le lundi nous gâche le suspense de la prochaine destination. Ce sera Auxerre et son Abbé-Deschamps. Le tirage ayant eu lieu avant la rencontre. Qu’importe le Racing sera présent en 32ème.

Ce n’est pas seulement Sochaux qu’il a battu hier, ni même une qualification qui l’a accroché ou bien encore le public de Bonal qu’il a écrasé. C’est un peu de son passé et de son honneur que le Racing a retrouvé un lundi soir en prouvant qu’il faut encore et toujours compter avec lui.