Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

RCS - Monaco 1994 : un climax signé Jeandupeux

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Souvenir/anecdote
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Par kitl
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Il y a 24 ans, un Racing irrésistible empochait un septième succès de rang à la Meinau face à un Monaco bien moribond. Au bout de la journée, une troisième place au classement jamais atteinte depuis lors…

Octobre 1994. Tout frais retraité des terrains, après avoir porté le record du nombre de matchs disputés en première division à 602, Jean-Luc Ettori est depuis quelques temps l’entraîneur de l’AS Monaco. Il s’agit plus exactement d’un tandem avec l’incontournable Jean Petit, deux emblèmes de la maison appelés à la succession d’Arsène Wenger. Cinq revers en huit journées et une certaine usure après six saisons conduisent au renvoi du technicien alsacien. Un titre de champion en 1988, la Coupe de France 1991, une finale de C2 (et deux autres demi-finales de Coupe d’Europe) : le bilan est excellent. Il convient d’ajouter la découverte ou la confirmation de nombreux talents : Petit, Weah, Fofana, Thuram… ou encore Thierry Henry, lancé en D1 à la fin du mois d’août 1994, quelques jours avant son limogeage.

Ettori, qui sera secondé en deuxième partie de saison par Gérard Banide, dispose toujours d’un effectif cinq étoiles. Fabien Piveteau – convoité sans succès par le Racing pour remplacer Corminboeuf – a été recruté pour lui succéder. Sonny Anderson remplace Jürgen Klinsmann en attaque et le reste est à l’avenant : quelques survivants de 1988 (Puel, Sonor), des internationaux français confirmés ou en devenir – Emmanuel Petit, Youri Djorkaeff, Lilian Thuram, Eric Di Meco, Mickaël Madar… Il demeure invaincu depuis son intronisation un mois auparavant, au moment de se rendre en Alsace.

Le Racing a pour sa part choisi de tout changer à l’été 1994. Nouveau président, nouvel entraîneur, nouveau maillot, nouveau capitaine (Pouliquen cède le brassard à Leboeuf) et surtout nouvelles vedettes. Les arrivées de Xavier Gravelaine, Franck Sauzée et Alexander Mostovoï, prêté fin août par le Benfica à l’initiative de Daniel Jeandupeux, qui l’a connu à Caen, font de Strasbourg une des équipes à suivre cette saison.
A peine arrivé, Roland Weller a pris une décision audacieuse : il ne reconduit pas le contrat de Gilbert Gress, éternel héraut de la Meinau, pour opter en faveur d’un technicien à la réputation plus « libérale », le Suisse Jeandupeux. Quitte à brusquer les inconditionnels de Schilles, Weller entend reconquérir un public qui s’est souvent ennuyé en 1993-1994, une fois passée la joie de retrouver l’élite.

Limitation du nombre d’étrangers, subvention municipale conséquente, sponsoring assurée par un groupe brassicole : c’était une autre époque, mais en même temps, c’était hier.
Partisan d’un management décrispé, Jeandupeux est également friand d’expérimentations (Djetou arrière gauche, charnière centrale Sauzée-Leboeuf, titularisation de Wilfried Gohel…). L’équipe affiche deux visages : souveraine et explosive à la Meinau, elle traine sa misère à l’extérieur. Mi-octobre, deux matchs consécutifs à domicile sont au programme et Strasbourg guette la belle opération.

Une fois les tendres Lionceaux balayés (3-0), le Racing accueille Monaco. La foule des grands soirs se presse : l’affluence franchit les 30.000 spectateurs pour la première fois de l’ère Weller – il n’y en aura pas tant que cela par la suite. Jean-Luc Ettori adopte une tactique prudente à cinq défenseurs, avec les seuls Djorkaeff et Anderson pour éléments offensifs. Le Racing aligne trois attaquants, parmi lesquels le jeune Polonais Tomasz Frankowski, sorti de son chapeau par Jeandupeux après avoir brillé avec les stagiaires depuis un an.
Strasbourg fait honneur à son statut de favori. Dès la neuvième minute, le bizuth Frankowski ouvre le score, en poussant au fond des filets une pichenette de Mostovoi (1-0). Plus rien ne sera marqué, le Racing monte sur le podium tandis que l’ASM stagne à une douzième place indigne de son rang.

Cette situation idyllique ne durera pas. Une tête de l'espoir cannois Patrick Vieira mettra fin à la série domestique du RCS deux semaines plus tard. Revers corrigé à Furiani, en partie grâce à la défense à cinq concocté par le technicien suisse. Un début de cycle retour calamiteux et la désagrégation lancinante de l’équipe, deux facteurs à peine effacés par une amorce de parcours en Coupe de France, conduiront au licenciement de Jeandupeux fin mars 1995. Jacky Duguépéroux prend la suite et sauve en partie la saison en menant le RCS en finale de Coupe.
De son côté, l’attelage Ettori-Banide guidera Monaco jusqu’à une inespérée sixième place qualificative pour la C3.

Le schéma d’une saison de frustration se reproduira à Strasbourg en 1995-1996 : débuts éclatants en Coupe Intertoto, naissance espérée d’une équipe, affrontement de rêve avec le Milan AC, crise de janvier, regain de forme et implosion aux Costières de Nîmes en quart de finale de Coupe de France.
L’été suivant sera celui de la grande lessive. Toujours aussi inconstant, le Racing navigue cette saison-là en haut de tableau et brille dans les coupes, mais n’atteindra jamais plus ce point culminant placé sans en avoir connaissance par Daniel Jeandupeux en octobre 1994…

kitl

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