Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Souvenir : RCS-OL, Coupe de France 2001

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Souvenir/anecdote
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Par romeocrepe
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Peguy Luyindula © Karim Chergui

Quand un Racing en pleine déchéance sportive et managériale terrassait Lyon en Coupe de France... De quoi donner des idées à nos joueurs pour samedi ?

Les plus jeunes d'entre nous n'en sont peut-être pas conscients, mais cela fait maintenant plus d'une décennie que - sauf rares périodes d'espoir véritable comme fin 2003 ou au premier semestre 2005 - le Racing vit à l'heure de la crise permanente, et que, de recrutements invraisemblables en combinazione de bas étage, les actionnaires et le staff ont sombré dans le volapük intégré (1). Dans ces conditions, la persistance, en dépit de tout cela, d'un public fidèle et d'une communauté telle la nôtre, ne lasse pas d'intriguer. A ce rythme, Racingstub.com va faire l'objet d'autant d'études ethnographiques et de théories UFO-conspirationnistes que les lignes de Nazca.

Le match du 1er avril 2001 constitue une forme de réponse à cette interrogation il est vrai légitime. Il démontre que, comme nous l'enseigne le Yi-Jing, même dans les pires ténèbres, il existe un chemin.

Toujours est-il qu'à l'approche de ce Racing-Lyon, les ténèbres étaient vraiment épaisses, et qu'aller au stade à l'époque n'allait vraiment pas de soi. Dans les travées de plus en plus dégarnies de la Meinau déambulaient certes des amoureux du club, animés d'une foi véritable, mais aussi des abonnés contraints et forcés par la rentabilisation de leur investissement, des politiques, surtout avant les élections de la mi-mars, des Footix supporters de l'OM et de tel champion du jour, et, enfin, des charognards, venus juste pour critiquer et tirer à vue sur une équipe qui, tout en méritant l'opprobre public dont elle fait l'objet, n'avait pas besoin que des gens paient un billet pour venir l'insulter.

Aux commandes du rafiot promis à la démolition en championnat, Patrick Proisy, au nom de l'actionnaire Mc Cormack, et, sur le banc, Claude Le Roy. Jusqu'à ces dernières semaines, tous ceux qui ont connu ce duo ont cru qu'il était impossible de faire pire, en tous temps, tous lieux et tous sports confondus. En attendant une réhabilitation qui, en 2010, deviendrait presque une hypothèse crédible, Proisy et le Glaude défraient alors la chronique pour leur manque d'implication, leurs effets d'annonce qui font pschitt, leurs recrutements farce et attrapes à des niveaux financiers absurdes, dont la dernière illustration fut l'engagement du pauvre Chilavert. Ce dernier, amené à prix d'or, démontrait tristement, match après match, qu'on ne pouvait pas être et avoir été, et que les déjeuners au Gourmet de l'Orangerie, pour succulents qu'ils soient, n'étaient pas compatibles avec la diététique attendue du sportif de haut niveau.

Tout bien pesé, quand je pense à l'effectif 2010 et à tous les bras cassés de la décennie, je me dis que l'effectif 2000-2001 n'était pas si médiocre que cela. Les anciens tels Teddy Bertin et Corentin Martins tenaient plus ou moins leur rang, et, chez les plus jeunes, Peguy Luyindula, Valérien Ismaël, Habib Beye, Danijel Ljuboja et même Pascal Johansen ont fait des choses de leurs dix doigts de pied par la suite. Mais, en 2001, certains de ces joueurs se couchaient un peu tard en semaine.

En face, Lyon est un champion en devenir, qui, à défaut de rattraper Nantes pour cette année, finit fort sa saison. Le Racing vient de se faire battre à domicile par Guingamp, alors Lyon, même en coupe... En cette douce soirée d'avril, pourquoi aller à la Meinau?

13 000 personnes, chiffre officiel. Comme lors des manifestations, il doit s'agir du chiffre de la police. Je pense que nous étions moins. A se demander à quoi allait bien pouvoir servir le huis-clos prévu dix jours plus tard pour le « fameux » match rejoué contre Metz, à la suite de l'affaire du pétard contre Nelly Viennot.

Un Racing digne de l'élite


Et pourtant. Dès le coup d'envoi, quelque chose me frappe. Un détail, en théorie sans la moindre importance s'agissant d'une équipe professionnelle, puisque relevant des pré-requis du métier. Mais, au Racing, ce détail manquait depuis quelque temps : les passes parviennent à destination. Certes, le Racing reste le Racing, et le dernier geste pêche toujours autant, mais l'on ne parle plus d'élargir les cages de la Meinau pour laisser une chance de marquer aux attaquants locaux. Il y aurait donc un schéma tactique ce soir, avec des pros sur le terrain ? Incroyable mais pourtant vrai : après des mois de lutte acharnée pour ravir à Saint-Etienne la lanterne rouge, et ainsi préparer le plus tôt possible la saison suivante en L2, Strasbourg se décide à donner une explication à sa présence parmi l'élite.

Le match n'est pas à sens unique comme les esprits chagrins ou résignés le supposaient, et l'issue de la confrontation n'apparaît pas écrite d'avance. Le Racing est-il dans un grand jour, ou Lyon est-il victime d'un coup de moins bien ? Sonny Anderson n'est pas dans un grand soir. Les Alsaciens trouvent des espaces dans la défense lyonnaise, même si Coupet n'est pas véritablement mis en danger, si ce n'est par Edmilson, sur une tête maladroite. Quand Alain Sars siffle la mi-temps, les spectateurs, à commencer par les UB90, y croient vraiment.

Au retour des vestiaires, Lyon part à l'assaut, mais, après dix minutes sans concrétisation aucune, la pression rhodanienne se relâche. Le match se rééquilibre, se ramollit même. A l'heure de jeu, il ne se passe plus grand-chose. Mais les supporters y croient, car il s'agit d'un match de coupe, et ce genre de scenario émollient peut profiter davantage à l'outsider strasbourgeois qu'au favori lyonnais.

Peguy fait le break


Et de ce football perdu dans les limbes va émerger un homme, qui, seul, va faire la différence : Peguy Luyindula.

Dix minutes avant la fin du match, je me perdais en conjectures sur nos capacités à résister physiquement à la prolongation, en espérant que l'équipe tiendrait jusqu'aux tirs au but, quand je vois un joueur, là-bas, qui accélère. C'est Peguy. Centre en retrait, Johansen, qui courait vers l'avant comme Forrest Gump, reprend. But. La Meinau exulte. Mais ce n'est pas fini, chacun reste aux aguets. Mais ce soir, non, avec Pegguy, ce n'est définitivement pas fini. Qui veut sa ration de caviar ? Danijel Ljuboja,entré en jeu depuis la 73e minute, se présente sur la passe de son coéquipier, et ne se rate pas. Coupet est battu, 2-0 pour le Racing ! Lyon baisse pavillon, et, pour parachever son oeuvre, Peguy Luyindula s'en va battre lui-même le portier lyonnais. En dix minutes, il a mis KO le 2è de D1.

Pourquoi n'a-t-il pas un tel rendement en championnat ? Sur le moment, personne ne se pose véritablement la question qui fâche, seul un plaisir présentéiste est de mise, plaisir prolongé contre Nantes au tour suivant, trois semaines plus tard. La tristesse de la victoire finale, et l'absence de liesse populaire lors du retour de la Coupe de France en Alsace, viendront toutefois rappeler l'équipe à la réalité de sa piteuse relégation en D2, et au désamour entre supporters et dirigeants.

Quoi qu'il en soit, le parallélisme des situations de 2001 et 2010 conduit à espérer qu'à défaut de faire revenir le Racing des Enfers, le prochain match contre Lyon aura la même issue. De même que le terrible hiver sibérien a eu raison de l'inconscient Charles XII de Suède, d'un Napoléon trop sûr de son génie militaire, et a décidé du sort de la Seconde Guerre Mondiale, l'hiver du Racing sonnera une fois encore le glas des ambitions lyonnaises en Alsace. Mais, hélas, je ne serai pas dupe : tout comme en 2001, une victoire contre Lyon samedi ne serait qu'un caramel mou entre deux platées de couleuvres.

Footnote


(1) Référence à une conférence de presse de Charles de Gaulle (ndlr).

romeocrepe

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