Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Itinéraire d'un supporter gâté

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Après-match
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Par juninho67
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Photo : spaetzelmann

Plus qu'une fête du football, samedi était l'occasion de pouvoir découvrir le football féminin de haut niveau. Avec ses internationales, on peut dire que l'Olympique Lyonnais n'a pas dérogé à son rang de champion d'Europe. Retour sur cet évènemen

Le matin même, alors que je préparais mes affaires, je recevais déjà quelques messages: "prends un autographe pour moi", "je veux le maillot de Bompastor", "je peux avoir une photo dédicacée ?".

Oui, cette affiche ne laissait personne indifférent, imaginez un Grenade-Barcelone chez les hommes pour vous situer un peu dans ce monde du football féminin. Sitôt arrivé au stade, je croise des stubistes de forte renommée, id et maryc, prêts à passer une belle après-midi de football, m'encourageant au passage.

Merci à eux, il fait très chaud, très lourd, et je me balade avec un gilet de "presse radio" à l'envers, idéal pour passer partout, difficile à supporter avec ce soleil. Ce gilet, je l'ai eu grâce à Stéphanie Spielmann, attachée de presse ou chargée de communication, selon l'expression que chacun aura, du FCV.

Très occupée ces derniers jours, entre la presse, les demandes de billet, les accréditations, les différents services à gérer, elle tient bien son rôle au sein du club et les Fédinoises savent que sa présence est vitale, encore plus pour ce genre d'évènement. Je passe quelques instants devant des stands du Racing. Vendenheim installe le sien, vente d'abonnements à 35€ et maillots de l'équipe à 40€ sont de sortie. Une première, me confie-t-on.

Je décide faire le tour et de m'approcher au plus près du terrain, là où j'aurai la possibilité de côtoyer les Lyonnaises et Fédinoises. Le souci, c'est que de la Meinau je ne connais que les tribunes, pas l'envers du décor et je suis un peu perdu... Les quelques stadiers ou gens de la sécurité que je croise sur mon chemin ne savent pas si je peux passer derrière l'endroit qu'ils protègent, la plupart sont nouveaux et cela ne m'arrange pas vraiment.

Heureusement, un type dont je ne connais toujours pas le poste, ni le nom, arrive en costume et m'accompagne derrière la tribune de presse. Je passe quelques couloirs, croise David Ledy, Léonard Specht, François Keller et quelques jeunes joueurs, et j'arrive sur le bord de la pelouse.

Que c'est beau, ce stade, cette pelouse, ce quart de virage. Vu d'ici, on ressent quelque chose de particulier. Des enfants jouent sur la pelouse, le football - et uniquement le football - est de retour au Racing, cela faisait un long moment qu'il l'avait quitté.


Je contemple et profite de l'instant, un homme passe à coté de moi, me tend la main et me dis :
-"Bonjour, je me présente, Frédéric..."
-"Oui je sais qui vous êtes, M. Sitterlé, c'est plutôt à moi de me présenter"

Nous échangeons quelques mots, il me confie qu'il aime lire racingstub.com, qu'il apprécie la qualité des rédacteurs du site et de ceux qui proposent la richesse de son contenu.

Cela fait très plaisir d'entendre ça, il n'a pas l'air de surjouer, il me semble sincère, naturel, cela surprend. Au Racing, cela fait bien longtemps qu'on avait pas connu ça.

J'en profite alors pour lui poser quelques questions.

(racingstub.com) Avec cet évènement, le football féminin à l'honneur, Vendenheim face au champion d'Europe, l'OL, vous attendez-vous à un nouveau public de plus à la Meinau?

(Frédéric Sitterlé) Cette affiche est une très belle affiche et permettra de donner une belle image du football. Le projet de reconstruction du Racing s'inscrit dans cette nouvelle image du football, un football familial, accessible, c'est une fête le samedi après-midi et les filles représentent bien cette fête là.

Vendenheim affrontera d'autres belles équipes telles que le PSG, Montpellier ou encore Juvisy : est-ce qu'on peut s'attendre à un partenariat avec eux pour la saison?

À chaque fois que ce sera possible, les filles seront les bienvenues. Dans le projet de reconstruction du Racing, j'ai inscrit un certain nombre de points fondamentaux, dont le développement d'une section féminine : c'est une direction dans laquelle le Racing ira. Les filles de Vendenheim seront les bienvenues à chaque fois que techniquement ce sera possible, nous serons ravis de les accueillir.

On s'apprête à dépasser le record d'affluence d'un match de CFA 2, et nous sommes sûrs d'êtres près de 5000 spectateurs. Êtes-vous satisfait d'un tel engouement ?

Je suis ravi du soutien apporté par le public. Le public strasbourgeois est incroyable, c'est le meilleur public au monde. On a un engouement phénoménal, les gens qui comprennent que la division dans laquelle on joue n'a que peu d'importance, c'est surtout le Racing qui joue et c'est ce Racing qu'on reconstruit ensemble. Vraiment, le public est formidable, je sais qu'hier soir nous avions 5400 personnes, il y a beaucoup de monde qui va arriver cet après-midi au stade encore. On parlera même plus de record là, on va être champions du monde du nombre de spectateurs en CFA 2.

Niveau effectif, vous êtes satisfaits de l'équipe en place ou bien vous comptez sur une ou deux arrivée(s)?

Je suis très content de l'équipe qui est en place et du travail effectué par François Keller. François poursuit son travail, c'est vraiment son domaine et je lui fais entièrement confiance pour mener à bien cette mission. Il sait où il doit aller, il continue à travailler sur cet effectif. Simplement, il faut savoir que la saison va être longue, difficile, on sera attendus à chaque match et cette équipe qui est en train de se construire a parfaitement conscience de la responsabilité qu'elle porte.

Je vous ai vu échanger quelques mots avec Bruno Bini, le sélectionneur de l'équipe de France féminines : que s'est-il dit pendant cet échange?

D'abord, je l'ai remercié parce que ce qu'il a fait en Coupe du Monde avec les féminines a donné une très belle image du football. C'est l'image que j'aimerais voir souvent autour de la Meinau. Il m'a encouragé, m'a donné quelques conseils et m'a indiqué qu'il serait toujours disponible si le Racing ou si nous, en général, avions besoin de lui. J'ai vraiment apprécié l'échange avec Bruno.


Après cela, j'ai pu laisser Frédéric Sitterlé aux mains de journalistes plus professionnels que moi, simple supporter avec un enregistreur numérique dans les mains. La moindre occasion est bonne pour tâter la discussion avec des gens habitués à ces évènements là. Bruno Bini est toujours au bord de la pelouse. Il attend quelqu'un visiblement, je regarde autour de moi, personne ne me calcule, je m'avance sur le terrain et lui demande juste une minute, il me répond en souriant: "ok, mais rapidement alors".


Bruno, vous êtes dans ce stade de la Meinau que vous avez peut-être déjà connu, cela vous fait quoi de voir cet engouement autour de ce football féminin ?


(Bruno Bini) C'est une bonne action qui est faite, c'est bien, ça prouve aussi que le Racing a bien changé, il y a une osmose entre les garçons et les filles et c'est l'avenir aussi.

Frédéric Sitterlé me disait tout à l'heure qu'il voulait développer le football féminin au Racing Club de Strasbourg comme Noël le Graet le suggérait : êtes-vous favorable à ce type de développement ?

Bien sûr, parce qu'à un moment donné, les bons clubs amateurs vont se rapprocher des clubs dits "professionnels", ils auront aussi plus de moyens. Et c'est bien, on va se professionnaliser.

Vous comptez rester voir le match du Racing ou bien vous partez après le match des féminines?

Non, je suis là jusqu'à demain matin 9h pour prendre le TGV, voir un autre match de football féminin. Depuis mon arrivée hier soir, à 18h, je ne m'appartiens plus, j'appartiens à la Ligue d'Alsace. Ils m'ont fait un programme, donc je reste après pour le match.


L'échauffement des joueuses débute, Sonia Bompastor, Camille Abily, Lotta Schellin et consorts sont là, j'entends des "supporters lyonnais" derrière moi les appeler sans arrêt, elles restent concentrées sur leur échauffement. Le préparateur physique leur a mis des exercices en place, qu'elles répètent inlassablement. Vraiment, cette équipe transpire le professionnalisme.

David Ledy est assis sur le banc de touche à coté de moi, il est avec des jeunes, j'entends quelques "oh m..., ça va vite quand même", "t'as vu les contrôles?", "franchement je pensais pas que ça jouait comme ça". Ils sont en face d'un petit jeu à 5 contre 5 sur un petit périmètre et, visiblement, la qualité technique des filles les a surpris. J'observe moi aussi : c'est rapide, presque sans déchet, très agréable à suivre.

J'échange quelques mots avec l'intendant, une personne un peu âgée, très souriante, très sympathique qui me parle du temps où il entraînait les -16 ans à l'OL. Il a formé les Florian Maurice, les Maxence Flachez, etc... Il est entré dans le staff un peu par hasard et n'en est jamais ressorti, il les aime, ces filles là, il les apprécie, m'en vante les qualités humaines. Corinne Franco et Eugénie Le Sommer se dirigent vers nous, un ballon est tombé dans la fosse, je me dirige vers quelques personnes, leur demande les filets que le Racing possède pour ce genre d'occasion. Personne ne sait, personne ne veut savoir non plus.

Je décide de leur donner directement ceux situés derrière le banc de touche, le Racing est en CFA 2, tout le monde peut faire ce qu'il veut ou presque.
Corinne Franco revient boire un coup, me regarde, me sourit : "pas trop chaud avec le gilet en plus ?" Fixant ses grands yeux bleus, je reste souriant, sans vraiment répondre. Avoir l'air bête devant une joueuse qu'on admire : c'est fait.
Je remonte en tribune de presse, poussiéreuse, les places sont faites pour des personnes proche des 55 kg, un peu juste pour ma corpulence, mais la vue est imprenable. Jean-Marc Kuentz est derrière moi, souriant, comme d'habitude, il a hâte d'observer tout ça.

Composition de Lyon:

Equipe


Composition de Vendenheim:

Equipe


Mi-temps : 0-5

Les Lyonnaises ont donné le ton, menant 3-0 à la 21ème minute. Elles vont vite, trop vite, perdent peu de ballons, n'ont pas l'air de ressentir la chaleur que les Fédinoises subissent. Vaillantes, les Fédinoises ont eu une occasion en première période avec cette frappe de Joanna Schwartz, repoussée par Bouhaddi.

Je pars pour me désaltérer, je descend les marches à coté d'un petit bonhomme, je le fixe, le reconnais : Jean-Michel Aulas est là, Bruno Bini le rejoint. Décidément, au Racing, on croise vraiment tout le monde.

Je me dirige à la buvette, trop de monde, beaucoup trop. Après 15 minutes, j'abandonne, je compte sur ma salive pour rester en vie, le match est trop important pour moi.

Reprise, les Lyonnaises ne lèvent pas le pied, cinq buts de plus dans la besace, les entrées des internationales Franco et Le Sommer, tout en se permettant le luxe de garder Laura Georges sur le banc.

Coté Vendenheim, bilan cruel, la gardienne, Delphine Soret se blesse, laissant sa place à Noémie Sturm, une ancienne gardienne reconvertie milieu défensif, et un face à face en fin de match de Schwartz face à Bouhaddi encore. L'écart était trop grand. Malgré le score très lourd au final, les Fédinoises n'ont pas lâché, ont tenté de contrer la machine européenne, en vain. Quand l'adversaire est plus fort, il faut le reconnaître.

10-0 cinglant : Schellin 10' et 55'- Thomis 15', 21' et 46'- Abily 30' - Dickenmann 40' - Le Sommer 67', 74' et 83'.


Fin du match, les filles de Vendenheim marchent tranquillement vers les vestiaires, saluent leur Kop qu'on aura entendu malgré les buts encaissés. Les Lyonnaises restent s'étirer sous la tutelle de leur kiné. Leur coach, Patrice Lair, les félicite tout en leur indiquant les petites failles du match. Exigeant jusqu'au bout, il criait encore à la 88ème minute comme si le score était nul.

J'en profite alors pour rejoindre Camille Abily, assise sur le banc de touche et déjà douchée depuis un moment.

Camille, buteuse aujourd'hui, 10-0 contre Vendenheim, c'était l'objectif de mettre les ambitions à jour ?

(Camille Abily) L'objectif bien sûr était de marquer un maximum de buts et de ne pas en prendre surtout, on a réussi. Nous sommes contentes, même si il reste des choses à améliorer. Il y a encore du rythme à trouver parce que ce n'est que le début de saison.

On est au stade la Meinau, il y a pas mal de monde, supporters du Racing, même des supporters qui viennent découvrir le football féminin, est-ce qu'on surfe encore sur la vague de la Coupe du Monde?

Oui, je pense. C'est vrai que là on est près de 6000 spectateurs, c'était super sympa, de jouer à la Meinau, c'est un très beau stade. On espère que les gens ont étés contents s'ils découvraient le football féminin. Je pense qu'il y a eu des buts, du spectacle, et c'est ça, le plus important.

Est-ce que vous visez le titre, le doublé ?

Bien sûr, nous visons le triplé même. Le championnat, très important, la Coupe de France et aussi la Ligue des champions. Si on arrive à faire la même saison que l'année dernière ce sera déjà super et si on peut faire plus, on fera tout pour.

Un dernier mot sur Vendenheim, certaines me confiaient qu'elles étaient justement fans de celles qu'elles allaient affronter, un mot pour elles?

Elles ont pris beaucoup de buts mais, honnêtement, j'ai trouvé que c'était une équipe qui avait des qualités défensives. Elles se sont bien battues, je pense qu'elles vont se maintenir si elles continuent avec cette envie. C'est une équipe de qualité, même si il y a un gros fossé avec nous. Je pense qu'elles pourront se maintenir en D1 si elles continuent à travailler comme ça.


Les Lyonnaises rentrent au vestiaire, Sabrina Viguier, stoppeuse de l'équipe de France, revient chercher les bouteilles d'eau, c'est l'occasion idéale...

Sabrina, 10-0, c'était pour vous, un objectif de mettre les choses au clair dès le départ?

(Sabrina Viguier :) Nous avions pour ambition, dès aujourd'hui, d'afficher notre détermination. Nous n'avons a pas pris de but, nous en avons mis 10, donc nous sommes forcément satisfaites.

Est-ce que vous sentez l'écart qu'il y a avec des équipes comme Vendenheim, ou même le PSG ou encore Juvisy?

Oui, un petit peu, notamment les équipes qui viennent de D2 ou celles qui jouent le bas de tableau. C'est vrai qu'il y a une grosse différence, mais, à Lyon, on a les moyens d'accueillir les meilleures joueuses et d'avoir la meilleure équipe de France, donc on se doit, pour respecter les autres équipes, de tout donner tout le long du match et du championnat.

Le stade de la Meinau avec autant de supporters, ça fait plaisir d'être ici avec le public venu vous voir ?

C'est bien pour nous et pour l'ensemble du football féminin, si on a un stade comme ça avec un public, on peut montrer ce qu'est le football féminin. On l'a déjà montré l'an dernier avec la Coupe d'Europe et ensuite à la Coupe du Monde avec l'équipe nationale. C'est vrai que les gens prennent du plaisir à venir voir ce football, et plus on va venir jouer dans des stades comme ça, plus on va faire aimer notre discipline.


Je reste sur le bord de la pelouse, les filles partent toutes de l'autre coté, je me demande si elles reviendront pour un point presse, Sonia Bompastor et Camille Abily sont restées pour signer des autographes aux jeunes supporters. Je demande à Jean-Luc Filser, le speaker, s'il y aura un point presse, il me répond qu'il ne sait pas trop.

Camille Abily traverse le terrain en large pour rejoindre les vestiaires, je la suis, personne ne me calcule, idéal.

Patrice Lair, le coach lyonnais, un passionné, sort des vestiaires, je lui lance un regard, il s'arrête tout sourire, c'est parti.

Patrice, 10-0, satisfaction de votre part, je me doute?

(Patrice Lair:) C'est sûr au niveau du résultat et de la victoire, aucun problème, on a marqué des buts, mais surtout la journée a été super agréable. Le public, une bonne organisation, une équipe courageuse en face qui a joué le jeu. Naturellement, il y avait un écart mais il y a un écart de budget aussi, il faut être réaliste. C'était une très belle fête, la Ligue d'Alsace, le Racing Club de Strasbourg - enfin, je sais pas si c'est toujours le même nom - mais c'était très sympa et j'espère qu'il y aura d'autres clubs qui feront la même chose, se rassembler dans un grand stade, amener des jeunes à faire un plateau avant. C'était bien, ça a permis de faire des photos, signer quelques autographes, et pour les filles, ce n'est que du bonheur. Une journée comme ça ne peut apporter qu'un plus au football féminin.


Les joueuses de Vendenheim ont-elles un écart de niveau avec d'autres équipes du championnat?

Je pense que cette équipe, dès qu'elle sera bien physiquement et tactiquement, va laisser un peu moins d'espaces. Pour moi, c'est une équipe qui ressemble un peu à Rodez la saison dernière. Je suis certains qu'elles sont capables de réaliser la même saison, c'est-à-dire de se maintenir. J'ai trouvé les filles courageuses, un bon état d'esprit : la gardienne se blesse, il y a une fille qui entre, tout le monde s'est accroché. Si elles gardent cet état d'esprit, il n'y aura pas trop de souci pour le maintien.


Camille Abily me confiait que l'objectif c'était pas le doublé mais le triplé, c'est aussi votre objectif?

C'est bien, j'aime entendre les filles dire ça, parce qu'elles veulent toujours gagner plus, c'est aussi pour ça que je les ai fait revenir. Elles sont ambitieuses, ce sont des compétitrices et entendre un langage comme ça de ses joueuses, ça force aussi à avoir de grosses ambitions. Gagner un maximum de compétitions, un maximum de matches... Mais bon, c'est tellement aléatoire par moments. On va faire le maximum, nous représentons la France en Ligue des Champions. On a réussi, la saison dernière, à faire vibrer le public français, et si on peut recommencer - en plus en Allemagne, à Munich - ça pourrait être sympa. On sera pas loin de l'Alsace et nous aurons peut-être quelques supporters que nous avons gagné aujourd'hui.


Les Alsaciens étaient là pendant la Coupe du Monde, vous ressentez justement le bien qu'a procuré ce passage, en plus de Lyon et de la Ligue des champions ?

Bien sûr. Intérieurement, je pensais qu'on pouvait faire mieux, et je l'ai dit. Mais oui, ça a fait du bien, on a gagné plusieurs années, mais il faut qu'on continue. C'est pour ça qu'il faut qu'on ait un club qui soit au plus haut, une équipe de France qui soit au plus haut, avec des résultats. Même si les gens aiment ce football là, il faut des résultats, sinon le public ne suivra pas. Il faut qu'on soit performants, on a des filles pour le faire, il faut continuer pour faire avancer ce football féminin et continuer à gagner un peu de terrain sur le football masculin. Continuer à respecter certaines règles du jeu comme on sait le faire, mais surtout donner du bonheur dans les stades, ça, c'est la première des choses.


Je croise à nouveau Stéphanie Spielmann qui me demande si je compte interviewer quelqu'un de Vendenheim, me suggère le nom de Cynthia Duteil, auteure d'un bon match au milieu de terrain. Je l'attends sagement et, à la sortie de la douche, elle vient me confier ses impressions.


Cynthia, 1ère saison en D1, on remarque de suite la différence, face au champion d'Europe?

(Cynthia Duteil) Sacrée différence, il n'y a pas photo. Elles ont un banc de touche très fort aussi, c'est un autre univers.

On vous a senties vite affaiblies physiquement, alors que les Lyonnaises paraissaient capables de tenir le même rythme durant toute la partie.

C.D: Nous avons fait douze bonnes premières minutes, je trouve, ensuite nous prenons le but. On accuse un peu le coup, on est moins bien. Après, les buts s'enchaînent et c'est dur de revenir.

Au milieu de terrain, vous aviez de sacrées clientes, Amandine Henry, Shirley Cruz, etc..

Oui, c'est international : prises de balle, déviations, jeu en une touche, vivacité. Ça se ressent tout de suite.

Est-ce qu'on est impressionnés quand on les voit jouer?

Impressionnées par leur parcours, bien sûr, mais elles ont travaillé pour. Personnellement, j'ai regardé leurs matches, j'ai suivi la Ligue des Champions, leur finale, tout. À travers l'équipe de France aussi, parce qu'il y a presque toutes les joueuses dans le onze de base de l'Olympique Lyonnais.


Malgré la défaite avec ce 10-0, toujours les ambitions de se maintenir?


C'est quand même Lyon, il y a de la place derrière. Il y a quatre ou cinq grosses équipes dans le championnat, il en reste cinq derrière donc de grosses possibilités. Bien sûr, nous croyons au maintien.


Votre ambition personnelle, c'est de vous imposer en D1, de devenir le maître à jouer de l'équipe ?


Déjà, de prendre du plaisir. J'ai 29 ans, j'ai encore au maximum cinq ans devant moi, si je peux faire quelque chose en D1, ce serait bien. Après, travailler pour Vendenheim, ça me tient vraiment à coeur.

Vous êtes satisfaite de votre prestation aujourd'hui?

Je suis assez satisfaite, sur le plan physique je me suis sentie bien. Après, au niveau technique il y a des choses à améliorer, des pertes de balles que j'aurais pu éviter, mais dans l'ensemble, je suis assez satisfaite de ma prestation.

La Meinau, ça fait plaisir d'avoir des supporters derrière soi?

Cela fait plaisir, nous n'avons pas l'habitude. Nous étions un peu comme des gosses, même à 29 ans. Qu'autant de monde qui vienne nous voir, nous ne sommes vraiment pas habituées. Le maximum qu'on ait fait l'an dernier, c'était contre le PSG, on avait fait 500, là, on fait dix fois plus. Quand on est dans le match, on est dans une bulle, on les entend derrière, ça nous pousse. J'espère qu'ils seront là si on est amenées à revenir à la Meinau, qu'ils ne sont pas trop déçus. Quand même, c'est Lyon, il faut qu'ils prennent ça en compte. Le championnat n'est pas fini, ce n'est que le premier match.


À peine l'interview de Cynthia Duteil finie, je croise Sonia Bompastor qui cherche à rejoindre le salon VIP où champagne et petits fours attendent. Je lui demande si Eugénie Le Sommer pourrait venir me rejoindre pour une interview, car je n'ai pas le droit d'entrer dans cet espace, aucun média n'y a accès d'après les consignes.
Sonia me demande de la suivre tout simplement, mission d'infiltration réussie.

Énormément de monde : Vendenheim, Lyon, des gens de la LAFA, et deux joueuses de mon équipe de football... Comment ont-elles fait ? Bracelet conseil régional au poignet et hop, c'est parti, mon entrée ninja avec Bompastor-inside passe pour un moment insipide.

Après avoir discuté avec Abily à nouveau, Eugénie Le Sommer apparaît. Comme dirait malcom-crown, Le Sommer c'est au début [applaudissements], mais pour moi, ce sera la dernière Lyonnaise à interviewer. Du haut de son 1,61m elle répond à mes questions avec simplicité.


Eugénie, vous rentrez en cours de match, un triplé, 10-0, on affiche ses ambitions?

(Eugénie Le Sommer :) Oui, c'est sûr. Nous sommes sur la lancée de la saison dernière, nous ne lâcherons rien cette année. Nous irons chercher les victoires, les buts, jusqu'aux dernières minutes. Avec l'effectif que nous avons, il faut avoir de l'ambition. J'espère continuer encore longtemps comme ça.

Vous êtes-vous fixée un quota de buts pour cette saison?

Non, je ne me suis pas fixé de quota, je prends les matchs les uns après les autres et j'essaierai de marquer un maximum de buts, de faire jouer mes coéquipières. Nous sommes là pour gagner les matchs avant tout, peu importe qui marque, du moment qu'il y a le résultat, et surtout la manière.

Le stade, la Meinau et ses supporters, on est encore sur l'après-Coupe du Monde ?

Nous avons été agréablement surprises, ça fait vraiment du bien, on voit vraiment la différence entre un match qui va se jouer sur leur ancien terrain à Vendenheim et un match, ici, à Strasbourg, ça n'a rien à voir, c'est vraiment autre chose. On y prend goût. Vraiment, c'est bien que les gens viennent voir nos matches, on espère que ça va continuer et qu'encore plus de monde s'y intéressera.

Une ambition personnelle, de redevenir championne d'Europe, devenir titulaire en équipe de France ?

Oui, déjà gagner ma place à Lyon, je sais que c'est difficile, il y a de la concurrence, avoir un maximum de temps de jeu, être la meilleure possible sur le terrain. Cela passe par les entraînements, gagner sa place, c'est un des objectifs, je ne me mets pas la pression et j'espère faire mieux que la saison dernière.


Un mot sur Vendenheim, qui a été vaillant, qui n'a pas lâché jusqu'au bout?

Oui, c'est sûr, elles n'ont pas lâché, elles ont fait valoir leurs qualités, elles ont fait ce qu'elles ont pu. Après, quand on est en face des championnes d'Europe, je pense que ça n'est pas évident, mais je pense qu'elles vont s'accrocher tout au long de la saison pour jouer le maintien. Je leur souhaite bon courage, et puis nous nous reverrons au match retour.


Quelques instants après, Jeanne Haag, la Fédinoise, chambre un peu Sonia Bompastor (nda: elles se sont connues à Clairefontaine, où elles étaient voisines), mal lui en a pris... Réaction de la capitaine lyonnaise:
"Jeanne Haag venait en roulotte à Clairefontaine, vous le saviez ça? Ah oui elle venait avec toute sa famille, à l'année elle me louait déjà l'emplacement et la roulotte. Elle me faisait payer 750€ la semaine, il n'y avait même pas d'eau chaude!"

Tout le monde rit, c'est aussi ça, le football féminin, après le match, tout le monde échange, plaisante, il n'y a plus d'appartenance de club, ou de niveau.

Les Lyonnaises s'en vont, je reste auprès des Fédinoises, certaines ont encore un peu des images en tête, Joanna Schwartz a son face à face, Delphine Soret est déçue d'être sortie blessée, Pauline Jaeck aurait aimé jouer un bout de match.

Jeanne Haag est là, j'en profite pour lui poser des questions.

Jeanne, 10-0, c'est lourd, pas déçue tout de même du jeu?

(Jeanne Haag ) Oui et non. Je pense que nous aurions pu produire du plus beau jeu, garder un peu plus la balle. Je suis déçue dans le sens où 10-0 ça fait beaucoup. On va travailler à l'entraînement pour aller à Juvisy, pour y faire quelque chose.


On a senti que la chaleur était difficile à supporter sur le terrain pour vous alors que les Lyonnaises donnaient l'impression d'y être moins sensibles.

Oui parce-qu'elles se trouvaient plus facilement sur le terrain, nous avions plus de difficultés. Lorsque nous récupérions le ballon, nous n'avions pas forcément de solutions. C'est surtout pour ça qu'au milieu de terrain, on a un peu galéré. Après, il faisait chaud, ça n'était pas forcément un avantage, mais on va travailler pour la semaine prochaine.

Cela fait plaisir de voir tout ce monde là au stade de la Meinau, tu as ressenti quelque chose de différent?

Oui, vraiment. Super stade, superbe ambiance, on a senti les supporters derrière nous. Il y a juste le regret de ne pas avoir pu montré quelque chose d'autre, mais sinon c'était quelque chose de génial.

Tu es sortie après l'heure de jeu, c'était prévu ou bien est-ce le contre-coup de la première période ?

Non, ça n'était pas prévu du tout. C'est vrai que l'entraîneur a fait ce choix là, au milieu de terrain c'était dur. Je pense que j'aurais pu m'économiser en première période. Mais s'économiser pour un match comme celui-là, ça n'est pas forcément évident, je me suis beaucoup dépensée et l'entraîneur a vu que j'avais tout donné.


On t'a vu avec Sonia Bompastor, que tu as connue à Clairefontaine, vous plaisantiez ensemble. Un mot sur elle ?

Sonia est comme elle a toujours été, super humble, vraiment marrante. On a eu de très bons moments ensemble, ça fait toujours plaisir de la revoir, c'est sûr.


Je cherche une dernière Fédinoise à aller interviewer, Delphine Soret, gardienne malheureuse, est assise au pieds des marches, je m'empresse de la rejoindre.


Delphine, vous regrettez le score un peu lourd, vous n'étiez peut-être pas assez préparées contre cette équipe lyonnaise?


(Delphine Soret :) Non, nous nous sommes bien préparées depuis un mois et demi, mais Lyon, c'est un cran au dessus. Le score je le trouve un peu lourd, nous avons quand même essayé de jouer au football, en prendre 10, ça fait mal.


Grâce à Lyon et l'équipe de France féminine, il y a plus de monde autour de vous, ça fait du bien de voir des gens nouveaux s'intéresser au football féminin ?

C'est clair. Nous en rêvions, aujourd'hui nous l'avons eu, grâce à Lyon et à l'équipe de France qui a fait un super parcours. On profite de cette vague et c'est génial.

Sur le plan personnel, vous sortez sur blessure après 6 ou 7 buts encaissés. Dans ce contexte, on se dit qu'on aurait pu en sortir plus, ou bien, on se dit qu'en face, c'était simplement plus fort?


En tant que gardienne, j'aurais préféré tous les arrêter c'est clair. Après, c'est compliqué à dire. Nous avons toutes fait des petites erreurs, c'est de ça que viennent les buts. Mais nous avons quand même essayé de nous battre pendant 90 minutes.

Quand Élodie Thomis arrive lancée, ça va trois fois plus vite?

C'est sûr que ça va vite par rapport à ce que l'on peut connaître. Elle va très très vite, c'est son point fort, on essaie de la contrer comme on peut. Parfois, on trouvait la solution, parfois pas.


Votre remplaçante, qui est milieu défensif, Noémie Sturm, a fait une bonne rentrée aux buts, c'est une habituée des jeux d'entraînements ?


C'est une ancienne gardienne, reconvertie en milieu de terrain. C'est une fille qui a de très bonnes qualités dans les buts. Quand on m'a dit que c'était elle qui me remplaçait, je suis sortie. Pas avec soulagement, j'étais triste de sortir, mais je savais que j'allais être bien remplacée.

Patrice Lair me disait qu'il vous sentait capables de faire un parcours à la Rodez, il ressent un bon état d'esprit, vous êtes d'accord?

C'est vrai que nous espérons le maintien, c'est notre objectif. Sur le plan collectif, nous avons un super état d'esprit, un super groupe et cette année, c'est ce qui va faire notre force.


Après l'avoir remerciée, je me retourne et contemple ces filles là, assises, discutant de leur match, plaisantant. Elles font quelques photos, certaines signent même des autographes. Les Fédinoises viennent de basculer véritablement en D1, elles savourent.

Des cris se font entendre, j'ai loupé une bonne partie du match du Racing, c'est le but du 4-0. Je rends mon gilet empli de sueur, je monte les marches et entre, en tant que supporter du Racing, rejoindre des amis dans les tribunes, j'entends le Kop chanter comme si nous étions en Ligue 1, des types en bleus sont sur le terrain, mouillent le maillot.

Le Racing renaît, le football a vaincu, les supporters sont satisfaits. J'ai un peu les boules d'avoir loupé les buts. Mais ce n'est pas grave, j'en verrai d'autres cette saison, à la Meinau comme à Vendenheim.

juninho67

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  • il-vecchio Ponctuation chez les U15 du PSG?? [lien]
  • athor Ce serait une sorte de championnat amical en parallèle des compétitions officielles, pour faire jouer les jeunes qui ne jouent pas
  • athor Si ce "championnat" voit le jour, il ne remplacera pas les championnats nationaux pour les réserves
  • quarantedouze La création d'un championnat des réserves est effective ou bien seule la relégation de la 2 l'est ?
  • athor Pas de fiche de match, mais on a en a parlé sur le topic du centre de formation à l'époque [lien]
  • batavus il me semblait qu'il y avait aussi une fiche de match / topic sur le stub, correct ?
  • batavus merci
  • athor Quart de finale du championnat 2017/2018
  • athor [lien]
  • batavus Un expert du stub pour m'aider ?
  • batavus demi-finale du championnat de France je crois (ou quart de finale?)
  • batavus Je cherche la fiche de match RSC-Rennes (U18?) joué à la Meinau il y a 5-6 ans
  • guigues hopla
  • clutch Les autres, comme nous, font des passages dans cette zone et ils ressortent
  • clutch Lens est effectivement le seul « nouveau » club qui réussit à s’installer durablement dans le top 8
  • iron-foot67 Et encore ils peuvent aussi faire une saison blanche cette année
  • iron-foot67 Les seuls qui ont plus ou moins réussi après une saison extra est Lens
  • iron-foot67 Comme la saison dernière avec la saison de Lorient et Clermont il aurait fallu prendre exemple ils disaient
  • bleu2bleu Bravo a Brest
  • tenseur Ça va être dur pour Brest l'année prochaine. Mais incroyable Brest, bravo à eux

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