Dès la fin de la saison dernière, la date était attendue de tous. Dès la parution du calendrier, cette date était cochée dans les agendas des supporters des deux équipes. Toute l'Alsace du foot se prépare à retrouver « son » derby historique. Présentation d'un adversaire qu'on ne présente plus.

FCM, comme « Fait Ça Mal » ?

C'est ce qu'on peut se dire en faisant un point sur les 20 années qui nous séparent de notre dernière confrontation avec le club mulhousien. Fondé en 1893, le FC Mulhouse aura connu plusieurs périodes, des plus fastes aux plus difficiles. En 120 ans, les Haut-Rhinois auront passé 6 saisons en D1 et 27 en D2. En 1992, Mulhousiens et Strasbourgeois se rencontrent à nouveau en seconde Division, saison qui verra le RCS remonter en D1 tandis que Mulhouse terminera 11e et ne devra son salut qu'à un repêchage administratif. En 1998, alors que la France s'apprête à devenir Championne du Monde, le FCM tombe en National où malgré un maintien sur le terrain, les dirigeants déposeront le bilan au printemps 1999.


Rétrogradé en CFA, il tombera même en CFA2 en 2004 avant de remonter. Aujourd'hui encore, le FCM ne s'est pas remis des blessures causées par le dépôt de bilan et cherche toujours la solution pour retrouver au minimum le National.


A plusieurs reprises - à vrai dire quasiment à chaque début de saison - les dirigeants successifs ont prôné que l'objectif était l'accession au troisième échelon national. Depuis 1999, les déceptions s'enchainent. Paradoxalement, alors que Alain Dreyfus déclarait cette année vouloir réduire les coûts et que l'équipe semblait se diriger vers un objectif « maintien tranquille », le locataire du Stade de l'Ill apparaît plus que jamais armé pour jouer la montée.

Un recrutement intelligent

L'équipe de cette saison ne s'est pas formée à l'été 2012. Les bases se posent progressivement depuis l'arrivée de Laurent Croci au poste d'entraîneur. En 2011, on notera l'arrivée de Pascal Johansen d'abord critiqué qui s'imposera comme un élément important du dispositif mulhousien. Un autre ex-racingman rejoindra la cité du Bollwerk cet été, en la personne de Jérémie Abadie. Le retour de Mini Balogou l'an dernier apportera un renfort offensif de poids : auteur de 12 buts la saison dernière, il en est déjà à 7 réalisations depuis la reprise. Enfin, la dernière arrivée remarquée sur les bords de l'Ill est celle de Loïc Loval en qui le collectif mulhousien pose beaucoup d'espoir. L'effectif, bien que relativement jeune, est encadré par quelques pilliers comme Johansen, Loval, ou encore Fortuna en défense.


Et concrètement, comment ça marche ? Et bien ça marche plutôt fort. L'attaque - en particulier Balogou - se déchaine. Le FCM a déjà marqué 19 buts, pour 13 pris. Le point faible de l'équipe semble se situer en défense, qui malgré la présence de Loïc Fortuna reste quelques peu fébrile.

Quoi qu'il en soit, tous les compartiments trouveront un adversaire à sa taille. Si notre défense peut s'attendre à être malmenée, l'attaque du Racing a des chances de percer côté mulhousien. La bataille en milieu de terrain s'annonce décisive pour la victoire de l'une ou de l'autre équipe.

Une actualité chargée

L'actualité principale, du côté de Mulhouse, c'est bien sûr le derby. Si on commençait déjà à en entendre parler lorsque Strasbourg était à quelques points de la montée, la confirmation est venue dès l'annonce du calendrier. Le retour du Derby d'Alsace, tout le monde en rêvait, personne ne pensait que ce serait en CFA. Malgré ça, les Mulhousiens ont beaucoup joué là dessus pour tenter de remplir leur stade.


Ainsi, et pour attirer la curiosité des plus jeunes qui n'ont jamais connu de FCM-RCS, a-t-on donné le nom d'Elsassico à cette rencontre. Chacun se fera son opinion sur la trouvaille.


Et bien sûr, puisqu'il n'y a pas de bon derby sans polémique, le FC Mulhouse Sud-Alsace Dreyfusland, en partenariat avec la Région Alsace, vous présente la polémique de l'année : une subvention exceptionnelle de la Région au nouveau Racing Club de Strasbourg Alsace. Jalousie, détournement de fonds publics, les deux camps s'en sont balancé plein la figure et ça continue de marcher.


Bref, tous les éléments sont aujourd'hui réunis pour assister à un match chaud bouillant, surtout en tribunes.

Des infrastructures à la hauteur ?

Malgré toute la pub et l'engouement visible sur les réseaux sociaux, ce derby sera bien loin de celui d'il y a 20 ans. Si à l'époque le stade de l'Ill pouvait faire le plein, samedi il n'en sera rien. Ça ne reste que du CFA après tout, pas de quoi casser trois pattes à un Dreyfus. Mais il est bien vrai que les tribunes - et gradins - vont enfin pouvoir être partiellement dépoussiérés.


Construit en 1979, le stade n'a pas connu de rénovation notoire depuis. La piste d'athlétisme a bien été refaite, mais on ne pourra pas vraiment en profiter. La Ville préférant financer le tram et de gros projets de rénovation urbaine, il faut le reconnaître : l'enceinte est digne de l'époque soviétique. Niveau capacité, on est bien loin du projet initial qui prévoyait des tribunes faisant le tour complet de l'aire de jeu. 2 tribunes qui se font face : une grande, une petite, des gradins en béton tout autour, et voilà. Officiellement, ça donne 11303 places.


Maintenant, rendons à César ce qui lui appartient. Un stade d'une telle capacité, en CFA, c'est presque trop beau. La moyenne de spectateurs s'établissant à 400, on comprend que l'envie de Messieurs Bockel et Rottner n'est pas à la rénovation mais plutôt au coup de bulldozer.


Allons, 11303 places, pour un derby Alsacien au quatrième échelon national, c'est bien suffisant ! Et tant pis s'il faut essuyer les crottes de pigeon, après tout le supporter strasbourgeois en a désormais l'habitude.

Des supporters toujours présents

Comment refermer cet avant-match sans aborder le sujet des supporters mulhousiens. On le sait, le climat entre les supporters des deux villes n'est pas au beau fixe. Raison de plus pour en parler.


Si l'on jette un coup d'oeil aux affluences moyennes de l'après-guerre, on constate que dans ses meilleures années le FCM attirait 8000 spectateurs. Aujourd'hui, ils sont 400. Mais où sont passés les 7600 autres ?!
Déçus par les résultats en dents de scie et probablement aussi par la stagnation en CFA, certains ont filé chez leurs ennemis héréditaires du Bäxerland. D'autres, reniant leurs gênes Alsaciennes, se sont tournés vers le FC Sochaux Montbéliard. Dans tous les cas, ils doivent aujourd'hui s'en mordre les doigts au vue de la situation des clubs cités.


Alors oui, entendant à la radio que samedi y a derby, qu'il va falloir montrer aux Bäxer qu'ici c'est le Norin, à coup sûr un certain nombre d'entre eux seront à nouveau présents. Symboliquement, pour un match.


Mais ne mettons pas tout le monde dans le même panier. Car oui, Mulhouse même en CFA peut se targuer d'avoir encore des ultras derrière son équipe. La Brigade Ultra créée en 1988, continue son activité et malgré quelques passages à la Meinau - dans le parcage Bordelais - n'est pas prête de quitter son Stade de l'Ill. Ces derniers fidèles, toujours prêt à pousser la chansonnette en particulier contre ses adversaires historiques, feront face aux Ultras Boys et tutti quanti strasbourgeois.


On a beau nourrir une inimitié mutuelle, un grand bravo aux fans des deux équipes toujours là malgré les déboires de chacun.