Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

L'Empire Descente

Note
0.0 / 5 (0 note)
Date
Catégorie
Avant-match
Lectures
Lu 2.536 fois
Auteur(s)
Par jpdarky, zottel
Commentaires
3 comm.

Grenoble vit un neuf Qui lui sembla de belle taille. Grenoble, qui n'était pas grosse en tout comme un oeuf, Envieuse, s'étend, et s'enfle, et se travaille, Pour égaler l'animal en grosseur. Alors que bon, le neuf c'était Cyril Chapuis, voilà quoi.

Par une étrange conformation de la pensée, qui en poussent d'autres à parler alsacien à des francophones de naissance, l'habitant du Grand Nord insiste pour ne se déplace qu'en traineau à chien. Ou en ski. Ou en chien husky, qu'on reconnaît à ses yeux, très bleus, si bleus au point qu'on le confond avec Cyril Chapuis. Les deux ne se distinguent que par la capacité à ramener la balle et le respect des joueurs de scrabble.

"Husky, husky... moi une fois, j'ai fait 'grizzly', ça rapporte encore plus" grommelait le commissaire Zorky, mais rien à faire, ça lui faisait 30 points dans la vue et lui coutait la belle contre son adjoint Dattel. Et surtout, ça le confortait dans l'idée qu'il avait baissé, il n'aurait pu dire quand ni de combien mais il le sentait. Le félin urbain qu'il avait toujours été, depuis sa sortie de l'Ecole de Police, était-il en train de dévaler la pente savonneuse de la décrépitude ? Celui qui s'était toujours perçu en Shaft strasbourgeois (mais avec une pipe, un imper et des moustaches) avait le sentiment de plus en plus net qu'il était devenu un Schimanski d'opérette, penultième étape avant le stade de la Claude Sarraute des Assedic.

S'il avait voulu cette retraite dans ce chalet perdu, c'est que, pour la première fois il avait lâché prise devant devant le Crime - une 'bavure' comme ils disaient.

Into the Wild


Le commissaire Zorky avait voulu rester seul, il lui fallait affronter ses démons seul dans le paradis blanc, il en était sûr. Mais Dattel avait fait le siège de son Bi-Bop et Zorky avait cédé, encore un signe de sa déréliction.

"Ecoutez mon petit Dattel, je vous ai dit que je veux être seul, je vais faire le point dans le Grand Nord, c'est tout. Je m'y prépare depuis des années, j'ai fait toute la littérature, Jack London, Frison Roche, Michel Berger, je suis prêt, je n'ai besoin que d'un couteau, d'un traîneau et d'un chien (...) Non, tout bien réfléchi, vous pourriez être utile. Mais non, pas pour faire le couteau, qu'il est bête, sacré Dattel. OK, trouvez-vous un Prem's pour janvier, c'est à Grenoble - oui ben ça ressemble au Grand Nord, non le temps n'y dure pas spécialement moins longtemps que dans le Sud, on mettra du Céline Dion, ça sera bluffant, vous verrez, ce sera un face-à-face entre nous et les éléments : 'Quand il regarde du blanc, l'homme voit la poussière sur ses lunettes' dit le proverbe japonais."

Comment vas-tu, yau de poêle


"Il faut bien reconnaître, se dit Zorky, que les Jap' emportent souvent le morceau avec leurs foutus proverbes. Ça jette un proverbe, mais bon, malgré ça, ils se sont quand même retrouvés du mauvais côté pendant la Guerre. Ils se sont pris des bombes atomiques sur le coin de la cafetière. Tout cela ne mène nulle part, et pour lever de la poulette avec un haiku façon almanach du thon rouge c'est pas évident. Le Japonais il fait le fier avec sa sagesse antédiluvienne et carrément zen, mais bon, il est toujours possible de lui fourguer un Cyril Chapuis ou un club de football alpestre. Du coup ça le situe au même niveau qu'un croizy ou un leroidec. C'est bien la peine de se torturer la tête pour pondre des aphorismes pompeux si c'est pour se retrouver là. Un Guaino fait l'affaire pour vachement moins cher. Et au moins il cause la France."

C'était vrai. Cyril Chapuis a bel et bien joué au Grenoble Foot (1 an) (LE Cyril Chapuis).

"Admettons qu'avec le Grenoble Foot, au départ, ça semblait bien partir leur affaire. C'était le toyotisme à l'épreuve de la football, il y avait de quoi forcer l'admiration. Un stade mirifique, des accessions à la division supérieure en chaîne, tout ça. Mais finalement, leurs travers sont ressortis très vite et ont pris le dessus. Les types de la direction ne parlaient même pas anglais, seulement l'allemand (et le japonais, évidemment, sinon cela n'aurait aucun sens). A croire que c'est atavique chez le nippon cette attirance pour nos amis d'outre-Rhin !"

"Et puis évidemment, ce goût douteux pour la copie. Leur stade, les mecs l'ont appelé 'Stade des Alpes', et, signe du Destin, il a été inauguré plus ou moins en même temps que l'original était détruit."

Ainsi raisonnait le vieux commissaire dans son for intérieur.

Et toi, le des neiges


Par la suite, Zorky s'en était un peu voulu. Il avait été dur avec Dattel qui semblait tenir à son histoire de couteau pour les poissons-sculpté-par-un-esquimau. Une affaire incroyable dégotée à la foire Européenne.

"Très bien mon petit", avait repris Zorky après un long silence. "Si c'est comme ça vous couperez mon cabillaud. Non, soyez raisonnable, je ne peux pas faire la bise à un simple inspecteur. Ah et puis tiens - je suis fou ce soir - choisissez un restaurant typique de là-bas, n'importe lequel, je vous y accompagne. En contrepartie vous payez, donnant-donnant. C'est bien parce que vous avez tiré la luge ce matin."

On commençait à voir le fond du caquelon à fondue...

Le commissaire tendit un bout de fromage à son acolyte, bandé jusqu'à l'épaule après plusieurs coup de fourchette dans le gras de l'os.
"Tenez mon petit, reprenez des forces. Les bouts de pain vous ont trahi, n'ayez pas honte - j'avais bien vu que c'était traître, mais vous savez comme je tiens à ce que fassiez vos petites expériences par vous-même".

"Patron, vous êtes le meilleur - ouille, non ça c'est mon oeil, c'est pas grave chef il reste du mercurochrome. Je veux dire 'le meilleur' au niveau de la bonté, parce que bon vous connaissez ma pudeur pour ce qui est de l'esthétique, déjà que ça jase pas mal à la brigade. Au fait, en parlant de démons intérieurs, vous leur avez mis un bon coup dans le museau, comme pour le Crime quand y a des indices trop maigres ? Vous savez, pour moi c'était pas une bavure l'autre jour. Je l'ai bien vu que le Crime faisait son effronté ce jour-là, je l'ai même dit au chef des chefs."

Comme tu vois, rond en Isère


"Vous faites bien d'en parler, mon bon Dattel. Il est temps de soulager ma conscience (...) Non, tout bien réfléchi, j'aimerais reparler de cette histoire de Japonais. Vous aimez Goldorak, c'est entendu, mais voyons les choses en face."

Le commissaire fit une pause et reprit.

"Le GF38 c'est le RCS à la neige, sans le palmarès ébouriffant, mais avec la même sarabande d'incompétents. Avec un truc en plus : la densité, la concentration en un temps très court. Quand il nous aura fallu des années, des décennies, pour bâtir notre réputation de club dada-punk tragi-comique, les grenoblois auront atteint le même résultat sportif en seulement 14 ans. Entre 1997 et 2011 avec l'aide d'Index pour catalyser la quasi-destruction finale dans la dernière ligne droite. Cependant, cette trajectoire fulgurante n'a jamais été accompagnée du feu d'artifices de grotesques pantalonnades de nonsense dont notre club est définitivement le maître incontesté en France, et probablement un des cadors au niveau européen. Une fois encore, ils auront copié en gros le modèle, mais en oubliant l'essentiel : le décorum, les détails, l'absurdité, l'âme en quelque sorte. Toutes ces petites choses qui additionnées transforment un simple échec en grandiose épopée de la lose pouvant être déclinée en saga épique. C'est l'échec médiocre, la défaite aux petits pieds. Comme ceux de leurs femmes, mrrrou, mais nous nous égarons."

"Ces mecs-là, quand ils copient la Joconde, ils peignent une dame habillée en noir devant un décor montagneux. Point. Il manque le mystère du sourire, l'indicible aspect intemporel et chtonien du décor en arrière-plan, et pourtant il est humanisé par la présence du pont. Louper ça, c'est de la babybelisation."

Ainsi parlait Zorkythoustra, et il en oubliait l'heure. De toute façon, dans la fondue, c'est le premier kilo qui vaut la peine d'être vécu.

Co-écrit par Zottel et jpdarky

jpdarky, zottel

Commentaires (3)

Flux RSS 3 messages · Premier message par meem · Dernier message par jpdarky

  • JPD, tu déconnes. Pas un mot sur Pépé le putois, non, quoi, t'as oublié le truc le plus important.
  • N'est-ce pas dans le Dauphiné que vivait Félicie?
  • Oui MEEM, je sais, il faut bien l'admettre, cela peut etre vu comme un oubli. L'equipe des 17 shadow-writers scenaristes qui bossent sur ces papiers se cachant derriere les pseudos Zottel et JPDarky sera conscienscieusement fouettee avec du gravier de 12 et des tessons de bouteille. On avait note tes suggestions, je t'assure, d'ailleurs tu as du retrouver certains elements dans ce chef d'oeuvre.

    Blourg

    JPDarky

Commenter


Connectés

Voir toute la liste


Stammtisch

Mode fenêtre Archives