RCS - Mulhouse, côté tribunes

Cortège bleu

Ce samedi, dès 15 heures, un groupe d'individus commence à se rassembler sur la place d'Austerlitz. Manifestation en vue du scrutin du lendemain ?

Non, du tout. Simplement des supporters du Racing qui répondent à l'appel des Ultras Boys à se retrouver avant le match de l'année pour boire un verre ensemble et faire grimper l'ambiance à quelques heures du coup d'envoi de la rencontre. Et quoi de mieux qu'une place au nom d'une victorieuse bataille pour regrouper tout ce beau monde ?



Tandis que certains se ruent sur les t-shirts (bleus, ça va se soi) mis en vente par les Ultras, d'autres profitent d'une bonne bière dans les bars alentours. Les chants s'élèvent, les drapeaux aussi, et déjà les 200 à 300 fanatiques se mettent en marche en direction de la Meinau.

Tambours battant, torches flambant, c'est dans un pas digne des chasseurs alpins que le cortège défile dans les rues de Strasbourg. Une bonne manif n'en étant pas une sans CRS, c'est sous escorte policière que le groupe suit la banderole de tête.



Après une grosse demi-heure de marche et quelques arrêts au rythme des chants à la gloire du Racing - mais aussi, reconnaissons le, du rectum Mulhousien - les supporters approchent du Krimmeri. L'occasion de huer l'une ou l'autre voiture immatriculée 68 lors de la traversée de l'avenue de Colmar. Un dernier arrêt est effectué en compagnie de Marc Keller à quelques mètres de l'entrée du stade, le temps de donner quelques consignes, de chanter en cramant une dernière torche, et le groupe se sépare pour prendre la direction des portiques. Il y a déjà foule.

Habemus Publico

Le placement libre aidant, nous rejoignons le quart de virage Nord-Ouest. Sur les marches, des tracts expliquant le déploiement du tifo sont distribués. A 17h, les tribunes sont déjà parsemées d'autant de spectateurs que lors d'un match classique de CFA. Elles ne cesseront de se remplir, obligeant même les plus tardifs à rejoindre la tribune Est, habituellement inoccupée.

Une première banderole d'accueil est déployée par les UB90 à destination des joueurs "Défoncez-vous / Défoncez-les". De leur côté, les supporters Mulhousiens entreront au compte-goutte dans le parcage, systématiquement accueillis par des sifflets et des chants d'enc...ouragement. Les joueurs Mulhousiens eux aussi entreront sous les sifflets de l'ensemble du stade, suivis par leurs homologues Bas-Rhinois qui seront chaleureusement applaudis.

18 heures, les tribunes Nord, Nord-Ouest, Ouest, Sud, ainsi que les quarts de virage Sud-Est et Sud-Ouest sont noirs de monde. La tribune Est quant à elle, continue d'accueillir les derniers arrivants. Le coup d'envoi est donné sous les chants du kop, ainsi que sous la musique d'une fanfare placée en tribune Est...



Des tribunes noires de monde comme on n'en avait plus vu depuis longtemps...

En fin de match, Jean-Luc Filser annoncera "plus de 18000 personnes". Probablement pas fini de compter les billets... Plus tard dans la soirée, la presse annoncera le chiffre de 20044 spectateurs. Un record pour la D4 française, mais aussi et surtout la deuxième affluence de la soirée devant toutes les autres rencontres de Ligue 1 !

Jeu de main - jeu de vilains, jeu de mots jeu... rigolo ?

Un début difficile

Environ 10 minutes après le début du match, le gros des troupes Mulhousiennes entre dans le parcage. La guerre des tribunes peut enfin commencer.

Outre les chants à l'encontre de l'équipe et des clubs de supporters adverses, plusieurs banderoles seront déployées au cours de la première mi-temps. Les chants n'ayant rien de très originaux, nous vous épargnerons leur transcription.

Si à l'aller le match des tribunes s'était soldé par une quasi égalité entre les deux ennemis, cette fois-ci les Ultras Boys ont clairement marqué leur territoire.

Première grosse animation de la soirée du côté des UB90 avec le tifo à l'entrée des joueurs. A grand match, grosse organisation et donc un projet ambitieux et un résultat particulièrement esthétique. Seul bémol, les "cierges magiques" qui sont imperceptibles de loin.



Quelques minutes plus tard, les Strasbourgeois tenteront de faire le buzz en se lançant sur le délicat sujet de la subvention, et de renvoyer Dreyfus dans son Sud-Alsace "T'as pas de public / Tu veux des subventions / Nan mais allo quoi !".

Pas de réplique immédiate du camp mulhousien, si ce n'est quelques sifflets et chants paillards.

Du côté du public, l'effet de nombre et la pression de derby motivera la grande majorité à suivre le kop, notamment sur le "Aux armes". Il est d'ailleurs assez intéressant de noter que le public des tribunes Nord et Ouest était plus enclin à chanter "Mulhousiens enc...s" que "Hilali enc...".
Bien sûr, à chaque action chaude on sent les spectateurs vibrer et prêts à s'élever. Retrouver ces sensations est évidemment pour les personnes présentes, un vrai bonheur.

Vibrer, les tribunes l'ont effectivement fait. A la 43e minutes, Jacques Momha en position de dernier défenseur tente dans un élan de désespoir de subtiliser le ballon à Liénard qui part seul au but. Liénard s'écroule dans la surface, l'arbitre sort un carton rouge et siffle un coup franc à l'entrée de la surface, sous les sifflets d'une Meinau chaude comme la braise.

La mi-temps arrive à point nommé pour permettre à François Keller de recadrer ses joueurs et revoir son schéma tactique à 10 contre 11. C'est non sans une certaine inquiétude que les spectateurs sortent se chercher merguez et boissons et échangent leur ressenti sur le début de match poussif des bleus.

De leur côté, les Mulhousiens profiteront de l'intermède pour tendre une banderole "Conseil Régional : de l'équité svp" accompagné d'un tifo BU.

Révolte populaire

Au retour de la pause, les capos tentent de remotiver le kop en prévision d'une seconde période qui s'annonce délicate pour les Racingmen. Ceux qui ne souhaitent pas chanter sont invités à changer de tribune.

Parallèlement à cela, et pour faire honneur aux invités sudistes, l'ordre est donné d'évacuer le bas du quart de virage et de laisser la Brigade Ultra chanter pendant 5 minutes. Deux banderoles sont déployées "On vous laisse 5 min / pour tenter d'exister".



Ces cinq minutes seront assez spéciales, car malgré la chance offerte aux Mulhousiens de donner de la voix, on n'entendra rien... C'est donc dans une ambiance silencieuse, et aux seules exclamations des spectateurs, que la seconde mi-temps commencera. Après ce délai, les UB90 reprendront leur place accompagnés de deux banderoles "c'est tout ? / Maintenant, à nous !" en lançant des chants qui seront suivis par l'ensemble du public.

Les Haut-Rhinois réaliseront l'un ou l'autre tendu d'écharpes mais apposeront également un drap où est imprimé une photo d'époque avec inscription "Meinau - Février 1991 - RCS-FCM : 0-3". L'idée est originale, mais quel âge avaient ces supporters à l'époque ?

Du côté du quart de virage Nord-Ouest, par contre, on se défoule. Les chants rencontrent un écho comme on en avait plus entendu depuis longtemps. Le "Aux armes" est à nouveau lancé, suivi de quelques chants à forte résonance.

La Brigade Ultra étant relativement discrète, les Ultras Boys déploient deux banderoles à l'honneur du coach mulhousien.



Suivies quelques minutes plus tard par un clin d'oeil au match aller et à la fameuse banderole des Mulhousiens "14 ans de CFA et toujours là, what else ?"



Le match continuera sur un bon rythme et à la surprise générale ce sont les bleus qui sont à l'initiative sur le terrain. De quoi faire vibrer la Meinau, même si la finition n'y est pas. Le stade est prêt à exploser mais rien n'y fera.

Dans les dernières minutes, sentant que les Strasbourgeois ont la possibilité de réaliser l'exploit et à l'appel du kop, le public se lèvera pour assister à la fin du match. C'est d'ailleurs sous une tension maximale que les 20000 spectateurs suivront l'ultime coup franc, en vain. L'arbitre siffle donc le coup de sifflet final, renvoyant les deux équipes dos à dos vers leurs supporters respectifs.

Les rouges iront saluer le parcage tandis que les bleus s'approcheront du quart de virage, mais sans explosion de joie la victoire n'étant pas là. Quelques chants sont encore échangés entre supporters adverses, avant que chacun rentre chez soi.

Retour à la réalité

C'est donc au lendemain d'un chaud derby où chacun s'envoie les meilleures insultes possibles que les électeurs sont appelés aux urnes pour décider si Oui ou Non nous devons fusionner les départements. La rencontre a-t-elle influencé sur le scrutin ? Nul ne le saura jamais.
Mais si l'on veut parler de chiffres, les voici :
- Taux de participation Bas-Rhin : 35,11%
- Taux de participation Haut-Rhin : 37,18%
- Taux de remplissage Stade de la Meinau : 72,9%

Tout ce qu'il y a à retenir de ces résultats, c'est qu'après cette rencontre, il y aura moins de sièges à nettoyer.

Après un match de rêve - pas sur le terrain, mais dans les tribunes ! - il est temps de revenir à la réalité du CFA. Et cette réalité reprend dès mercredi à la Meinau, face à Moulins.

Au vu de la date et de l'horaire, le stade sonnera bien creux. Mais l'objectif reste le même : VAINCRE, pour espérer rejoindre l'élite au plus vite, et ainsi retrouver une telle ferveur.

Puisse le FCM nous suivre dans cette voie, mais ne pas nous y dépasser...