Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

This is Spinal Tap

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Avant-match
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Par strohteam
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© denisub90

En s'imposant à Épinal, le Racing peut effacer au plus vite les conséquences du dépôt de bilan, et exorciser au passage quelques vieux démons. Une perspective alléchante qui justifie pleinement l'impressionnant engouement pour cette « finale »

Cela commence à s'apparenter à une lancinante rengaine. Une nouvelle fois, le Racing se retrouve contraint d'achever une saison irrégulière et souvent moyenne par un match couperet à l'extérieur qui doit lui permettre d'atteindre in extremis son objectif affiché. Comme à Châteauroux et à Montpellier, une campagne entière sera jugée à l'aune d'un seul résultat. Si les Strasbourgeois l'emportent à Épinal, on occultera bien vite quelques embarrassantes défaites, à Sarre-Union ou face à Moulins par exemple. S'ils échouent, les discours rassurants n'empêcheront pas l'impression de coup d'arrêt. Une nouvelle fois, le poids des attentes et espérances va se jouer en 90 minutes sèches, une perspective qui pèse forcément mentalement quoiqu'aient pu en dire les principaux intéressés. On sait trop bien que cela n'a guère réussi aux Strasbourgeois dernièrement, David Ledy ou Milovan Sikimic étant encore là pour en témoigner.

Si le scénario est à première vue identique aux épisodes précédents, la dynamique est néanmoins toute autre. En 2009 et 2010, le Racing jouait pour ne pas perdre, et préserver ainsi une précaire avance sur un rival que ses errements avait remis en selle. Cette fois, les rôles sont inversés. Considérée comme compromise au sortir de l'hiver, la montée était carrément jugée impossible par une majorité de suiveurs - votre serviteur compris - après le très décevant enchaînement à domicile contre Mulhouse (0-0) et Moulins (0-4). C'est pourtant à ce moment que le Racing s'est réveillé, enchaînant des victoires qui bonifiaient des résultats par ailleurs favorables sur les autres terrains. Les Strasbourgeois ont ce faisant écarté deux rivaux, Lyon Duchère et Grenoble, tandis que Mulhouse, fidèle à son habitude, s'éliminait tout seul. Dans le même temps, Raon-l'Etape a enchaîné trois nuls avant de reprendre son rythme infernal face à Montceau et à Chasselay, mais sans parvenir à se mettre hors de portée au classement. Avec le dernier faux-pas de Moulins, la meute s'est réduite à deux prétendants.

Les Raonnais ont eu beau pratiquer l'intox habituelle en se mettant dans la peau du « petit »  ayant tout à gagner face au favori strasbourgeois, on décèle sans trop de peine une pointe d'agacement et d'appréhension à l'idée de devoir conclure la saison par un match à enjeu disputé dans la position du chassé. C'est patent dans l'attitude obstructionniste de Jean-Philippe Séchet concernant l'organisation du match, avec une idée fixe consistant à s'éviter une présence massive et bruyante de supporters strasbourgeois. Le coach vosgien était même prêt pour cela à priver son club d'une belle recette tout en courant le risque de sérieux incidents, puisque la jauge de 350 Strasbourgeois un temps évoquée consistait un très évident chiffon rouge.

La solution accouchée au forceps a le mérite d'une certaine simplicité et permettra aux supporters du Racing d'accomplir la tant attendue transhumance vers la cité de ce grand amateur de football qu'était Philippe Séguin. Elle ne manquera certes pas d'alimenter les habituels délires de persécution d'un choeur des pleureuses mené par Laurent Croci. On glose déjà à n'en pas douter sur les prétendues influences qui auraient permis au RCS de forcer une délocalisation pourtant inévitable au vu de l'inconséquence des dirigeants raonnais. Un épisode qui, pour ces esprits chagrins, s'ajoute à d'autres sur fond de subventions et de mansuétude arbitrale supputée. Les choses sont moins tarabiscotées, et Strasbourg n'a simplement pas à s'excuser de susciter un engouement sans nul autre pareil à ce niveau de compétition. Depuis près de deux ans, le public joue un rôle difficile à estimer mais forcément significatif dans la destinée du RCS. C'est la masse des fidèles qui permet au club d'attirer des joueurs encore assez côtés, et provoque l'intérêt de partenaires et politiques en quête de promotion. Il eût donc été absurde de priver les fans d'une apogée dont ils sont aussi les artisans.

Sur le terrain, les débats seront fatalement plus équilibrés. L'USR est un solide premier qui ne dépend pas de la forme d'un ou deux leaders techniques comme beaucoup d'équipes de CFA. En face, le Racing n'a que peu de certitudes, François Keller ayant dû à de multiples reprises revoir ses plans face aux blessures, méformes et contre-performances. Depuis le déplacement à Lyon, l'équipe s'articule autour d'une doublette de récupérateurs Amofa-Coulibaly qui a enfin donné de la consistance à un milieu de terrain longtemps friable. Les autres compartiments ont moins varié et les deux incertitudes dans la composition concernent les deux vétérans de Châteauroux. Revenu de sa blessure, Milovan Sikimic sera peut-être aligné d'entrée au bénéfice de l'expérience plutôt qu'un Billy Modeste qui n'a pourtant pas démérité. En attaque, David Ledy aura forcément un rôle à jouer, même s'il est peu probable qu'il débute. L'avant-centre sundgauvien avait en quelque sorte marqué les prolégomènes de la reconstruction du Racing en acceptant de rempiler peu après le dépôt de bilan. Il aura peut-être l'occasion cet après-midi d'effacer les conséquence sportives de cet épisode bien plus vite que beaucoup ne l'avaient escompté.

strohteam

Commentaires (2)

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  • Comme d'habitude : bien écrit, informatif, avec quelques flèches bien acérées aux douloureuses destinées des malheureux destinataires et ce joli passage qui m'a beaucoup fait rire : "(...) Tandis que Mulhouse, fidèle à son habitude, s'éliminait tout seul (...)". Merci Monsieur Strotheam.
  • Oh! Une page de littérature. C'est agréable à lire en un dimanche matin mitigé. Certains journalistes pourraient s'en inspirer.

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